Selon la définition de l’OMS de 1946 : « La santé est un état de complet bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. » Vaste programme qu’il serait judicieux d’examiner de plus près, voire de mettre en œuvre...
S’appuyant sur les ZAD, nouvelles façons de penser la résistance ou la désobéissance, considérant les espaces où cette résistance prend ses quartiers pour tenter d’inventer ou de réinventer de nouvelles formes de collectifs, l’idée que la santé puisse profiter de ces élans nous apparaît tout à fait pensable.
Mais... Chaque fois qu’un soignant se mêle de parler de santé, il parle surtout du système ou des conditions de soins. Normal, puisque c’est par ce biais qu’il observe les effets délétères des manières de vivre sur l’équilibre des personnes. Or, en voulant soigner, on peut également compromettre davantage la santé
Alors, qu’en est-il de la santé ? Si l’on y regarde de près, personne ne saurait vraiment dire où ça se passe ni qui s’en occupe, voire on sait surtout repérer ce qui la compromet et on ne peut que constater l’absence d’une politique qui la prenne en considération.
Alors, se mêler de la santé serait-il l’enjeu majeur de notre siècle ? Soigner la santé exige-t-il d’entrer en résistance à tout ce qui l’affecte ?
C’est ce que démontrent les auteurs de ce dossier, qu’il s’agisse de dénoncer certaines conditions de travail déshumanisantes autant qu’épuisantes, voire tuantes, de pister les mille et une manières dont les industries polluantes nous empoisonnent au quotidien dans nos villes comme dans nos campagnes, de constater jour après jour à quel point les inégalités sociales accentuent les disparités face aux conditions de vie et de santé sans oublier une forme de communication qui brouille désormais tous les messages.
Ainsi, Zone À Défendre ou à créer, il semble urgent de se préoccuper de ce que la santé exigerait de nos sociétés pour que les conditions de vie soient « supportables » pour tous sans pour autant qu’elles se transforment en « normalisation » des comportements ou des modes d’être.
C’est dans tous les gestes quotidiens qu’il convient d’être attentif à ce qui met en danger notre équilibre. Nos conditions de travail ou notre impossibilité d’en trouver, ce qui finit dans nos assiettes, la pollution de l’air que nous respirons, les rapports sociaux qui souffrent d’une morosité qui ne peut que compromettre nos relations aux autres sont autant d’éléments à considérer.
La santé est donc bien une Zone À Défendre et c’est un objectif éminemment politique. Comme ses fronts sont multiples, chacun doit s’en emparer là où il est avec les moyens dont il dispose. Lanceurs d’alerte, citoyens, soignants, politiques, la santé est l’affaire de tous.
N°70 - juillet 2015
— DOSSIER —
Pratiques N°70, juillet 2015