Joséphine Corbel
des Zèbres toulousains
Avec le rhum dans mon café au lait me vint l’utopie du matin.
Je repensais à mon dos bloqué de la veille. Celui-là même qui m’avait empêchée d’aller soigner mes patients toute une journée durant. Journée à l’issue de laquelle un ostéopathe magicien me l’avait remis en place, en attrapant ma dent.
« C’est à cause de celle-ci, j’en étais sûr », m’avait-il rétorqué en tâtant ma prémolaire supérieure droite.
« Elle est bien bonne celle-là », avais-je pensé.
Mais quand même, j’y croyais. Parce que je lui faisais confiance.
« Ça, c’est la dent des grosses contrariétés » qu’il me dit.
Je ne sais pas comment il l’avait su, ni en quelle langue ma dent lui avait dit que j’étais contrariée mais... bim ! En plein dans le mille. Débloquée.
« C’est fou ce qu’un tâtage de prémolaire ça peut être efficace. »
Ça me fit repenser à la petite Vinciane qui était venue me voir quelques jours plus tôt pour un problème d’eczéma. Depuis qu’elle était rentrée au CP, l’eczéma était arrivé. Il s’en allait à chaque vacance scolaire. Alors sa maman me demandait si moi, orthophoniste, je pouvais faire quelque chose pour chasser son eczéma.
Trois gorgées de rhum plus tard, je me dis : « C’est fou comme ça parle le corps, des fois.
Si seulement il pouvait, plus souvent, parler pour nous quand la parole nous fait défaut, quand la pensée est en panne. »