Sylvie Simon
Kinésithérapeute
Je connais Goundo depuis bien longtemps.
D’origine malienne, elle est en France depuis vingt ans. Son mari est mort et rapidement, elle s’est donc retrouvée seule à élever ses six enfants. Elle a longtemps résisté, mais ces derniers temps, elle semblait plus fatiguée, elle arrivait au cabinet toujours accompagnée de son caddie chargé à craquer. Tous les matins, à huit heures à prendre la ligne 13, bondée, pour aller faire des ménages, c’est du métro qu’elle se plaignait le plus.
C’était de plus en plus difficile de la soulager, comment lui insuffler encore l’énergie, le courage pour tenir trois ans avant sa retraite ? Je lui ai donné le numéro de téléphone de la direction de la RATP, en lui disant de les appeler tous les jours pour raconter les conditions de transport qu’elle subissait et que même si c’était le répondeur, elle pouvait se défouler et les engueuler. Depuis, quand elle vient me voir, elle me raconte qu’elle ne rate pas son rendez-vous téléphonique, elle a même donné le numéro à ses copines. Je dois dire que ça nous fait bien rigoler, et quand elle rigole, Goundo, eh bien je sens mieux son dos se détendre et sa tête se redresser. En attendant, c’est toujours ça de gagné.