Lu : Relation de l’empoisonnement perpétré en Espagne et camouflé sous le nom de syndrome de l’huile toxique *

Présenté par Laurent Huillard

Entre 1981 et 1982, une mystérieuse épidémie dans la région de Madrid provoque la mort de 1 200 personnes et l’intoxication de 20 000 autres. L’explication officielle, diffusée par les médias et les revues scientifiques (Nature, The Lancet, Prescrire notamment) met en cause la consommation d’huile de colza dénaturée puis retraitée et mise en vente sur des marchés périodiques comme huile d’olive pure : c’est le syndrome de l’huile toxique.
Treize ans après, reprenant les faits, pointant les invraisemblances de la thèse officielle (aucun argument toxicologique, expérimentation animale négative, manipulation des données épidémiologiques), donnant la parole aux chercheurs dissidents privés de relais médiatiques, de crédits financiers, voire tout simplement évincés de leur fonction (« par une note du ministère de la Santé, l’équipe du Dr Muro apprend que ce dernier, « victime d’un grand stress et d’une grande fatigue physique et psychique », est relevé de ses fonctions ; probablement, selon une formule fameuse, pour encourager les autres »), citant des déclarations passées inaperçues (« il s’agissait d’un organophosphoré mais nous ne pouvions pas le reconnaître » confie le ministre de la Santé de l’époque), l’enquête de Philipponneau rétablit la vérité : mensonge du pouvoir politique en place avec la fabrication d’une théorie, à la manière du story telling, visant à protéger ses intérêts économiques, au mépris de la vie des citoyens. Un syndrome de l’huile toxique pour camoufler l’empoisonnement, via la consommation de tomates, par des pesticides, produits d’un géant pharmaceutique spécialisé autrefois dans la fabrication de gaz expérimentés sur les prisonniers dans des camps (« Cette hypothèse avait été délibérément choisie par les responsables politiques parmi toutes celles présentes sur le marché des ambitions, des intérêts et des certitudes. Elle présentait un minimum de plausabilité et l’avantage de fournir des coupables commodes… »).
« Plutôt la mort que le désordre de la vérité, tel est le maître mot de la science mercenaire de notre temps. »
À travers ce scandale, l’auteur dénonce l’abstraction, le mensonge et la fausse conscience de cette science asservie à l’industrie et à l’État et sa responsabilité dans l’empoisonnement chimique et nucléaire cumulatif de la planète : « C’est surtout à propos de l’effondrement des défenses immunitaires auquel on a donné le nom de Sida que s’illustre en notre fin de siècle la flagrante irrationalité de ce qui se perpétue sous le nom de science. On retrouve là, à très grande échelle et sur la longue durée, tous les traits de l’imposture criminelle que nous avons vue à l’œuvre pour camoufler l’origine réelle du syndrome de l’huile toxique ; ce qu’il s’agit de camoufler étant dans ce cas rien de moins que la totalité des conditions de vie pathogènes aujourd’hui imposées à chacun. […] Cet effondrement soudain des défenses immunitaires vient couronner, si l’on ose dire, la progression ininterrompue des maladies cancéreuses au cours de ce siècle, tout aussi inexpliquée bien que la science propagandiste veuille maintenant nous persuader de leur origine génétique, au mépris de la simple observation et de ses propres statistiques. »

* Jacques Philipponneau, Relation de l’empoisonnement perpétré en Espagne et camouflé sous le nom de syndrome de l’huile toxique, Editions de l’encyclopédie des nuisances, 1994.


par Laurent Huillard, Pratiques N°52, janvier 2011

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