Dans la quête du Graal, du corps parfait, de nombreuses sociétés se sont lancées dans les régimes protéinés. Ceux-ci pouvant être à l’origine de carences graves, leur prescription pour certaines marques passe par l’intermédiaire d’un médecin « sensibilisé » et « formé ».
Sous la pression d’une amie voulant faire ce type de régime, je me suis rendue à une de leurs formations. Nous étions une vingtaine de médecins invités (dans un bon restaurant) à écouter un de nos confrères d’une grande ville voisine nous vanter les mérites de la méthode. Quoi de plus incisif qu’un médecin qui teste à son bénéfice ? Une prise de sang et un bilan personnel nous ont été proposés pour établir notre profils de poids et détecter nos éventuelles carences, acte médical qui justifie les conditions de délivrance des sachets, barres et autres produits protéinés.
Le médecin n’a pas été sans nous faire valoir la fidélisation de la clientèle prise ainsi en otage, et force était de constater qu’entre la phase initiale et la reprise d’une alimentation « normale », la durée de surveillance mensuelle pouvait atteindre plusieurs années, sans compter que cette dernière étape n’excluait pas la prise encore de quelques sachets pour gérer les excès de gourmandise…
Le médecin nous a exposé les grands principes de la méthode, les différentes phases de régime, les carences à palier par des prescriptions (potassium…) et il nous a été remis moult documentations à distribuer aux futurs patients, explicatifs ou « ordonnances » pré-établies de commande de produits… Même certains de nos spécialistes gastroentérologues s’y mettent !
Dans le même style, un étudiant qui n’avait pas été admis à faire de la chirurgie, s’était par dépit laissé entraîner dans une formation aux injections de collagène, formation très chère et sur trois années dispensée à Paris… Il a heureusement fait le choix de l’abandonner en cours de route devant le peu de sérieux de cette formation et réalisant que sa première vocation (orthopédie) n’allait pas l’acculer à de telles extrémités !
Autre exemple : les voyages organisés tout compris de chirurgie esthétique en Tunisie ou autre pays permettant des prix compétitifs…
« La médecine n’est pas un commerce, mais elle a le droit d’être rentable » : ce prospectus inondait nos boites aux lettres déjà début 1999, vantant de nombreuses méthodes pour retrouver un corps parfait : ridolyse, tonification mammaire, diététique personnalisée, cellulite, peau d’orange, fibrose, relâchement musculaire, jambes lourdes, varicosités, poils disgracieux… sous couvert de Norme ISO 9002 et de vérification par le ministère de la Santé…
Le surpoids, mais aussi la ridule, la pilosité deviennent la cible de commerces juteux : il n’est plus question d’hygiène de vie lorsqu’il s’agit d’avoir un corps de déesse ou d’éphèbe et que cette norme acquiert un caractère prescriptif…
Avons-nous fait de telles études pour cette « médecine »-là ?