Le terme « invisible » recouvre ici non seulement ce qui nous échappe, mais aussi ce qui est invisibilisé socialement, ce que nous ne regardons pas. Si une part essentielle du contenu du travail est toujours invisible, celui des femmes reste exemplaire d’un ostracisme qui perdure depuis la nuit des temps. L’assignation de « genre », construction éminemment culturelle, maintient les femmes à l’ombre d’un pouvoir masculin qui les délègue aux aspects les moins valorisés des activités humaines. Elles assument encore aujourd’hui l’essentiel des fonctions liées à la survie de l’humanité et à la construction du lien social. Aborder la question « féminine » et son « invisibilité » à partir du soin interroge bien au-delà du soin lui-même. Lieu privilégié d’observation des mouvements de société, l’univers des soins est majoritairement habité par les femmes.
Les femmes ont toujours tenu un rôle central et reconnu dans la famille en assurant au quotidien la prise en charge des enfants, des plus âgés dépendants, ainsi que de l’intendance du foyer. Cependant, on ignore le plus souvent leur influence sur la pacification des peuples. Dans le monde du travail, il leur est toujours difficile de revendiquer leur juste place et de la voir reconnaître, ne serait-ce que par une rétribution égale à celle des hommes.
N°52 - février 2011
---- Première partie : Invisible ?
Pratiques N°52, janvier 2011