Max Armengaud, photographe

Phiippe Bazin
Photographe

Depuis 1986, Max Armengaud photographie les institutions, il en fait, dit-il, le portrait. Loin d’être saisi par les célébrités qui les habitent, qui en usent et abusent, il fait le portrait de toutes les personnes qui y travaillent, quelles que soient leur situation sociale et leur fonction. Car, afin que les rouages complexes de l’institution fonctionnent, il faut un nombre important de petites gens qui y font souvent toute leur carrière. Ce sont eux qui prennent soin des lieux et des corps, eux qui assurent la permanence loin des hauts et des bas, eux sans qui il n’y aurait pas d’alternative, eux qui assurent la présence du peuple des usagers à l’intérieur des nobles murs. Ainsi sont-ils les garants, les gardiens, les importants anonymes jamais remarqués. Max Armengaud retourne donc les codes, comme il le dit clairement : « Le portrait a toujours été un des attributs de représentation du pouvoir. J’inscris ma démarche dans le prolongement de cette histoire et en rupture avec elle, interrogeant la notion même de portrait. Par mon traitement formel de la figure et la fragmentation sérielle, j’affirme une position anti-iconique, à l’opposé du portrait officiel dont j’élargis les codes à la dimension collective. »

Ainsi peut-on souhaiter que nos visages soient vus des puissants. Max Armengaud est autodidacte, a photographié pour le théâtre, ce qui l’a amené à faire sa première œuvre à l’Opéra de Paris dans les années 1980. Puis il a été pensionnaire de la villa Médicis, puis de la Casa Velasquez, et enseigne depuis 20 ans la photographie. Son livre,Antichambre, est loin de rendre compte de l’extraordinaire projet de portraitiste et d’archiviste qu’il mène. Ici, nous avons choisi quelques portraits de groupes qui imagent l’institution dans sa dimension collective au travail. Nul doute qu’on voit aisément dans les balayeuses du Vatican les trois Grâces de notre époque, rassemblant certes le charme et la beauté, mais aussi et surtout la créativité, celle que chacun doit inventer, en dépit des règles institutionnelles, pour rendre leur travail possible et utile à tous :« L’œuvre que je poursuis, à la fois artistique et documentaire, s’inscrit dans la durée et la mémoire, au carrefour de l’histoire individuelle et de l’histoire collective. »


par Philippe Bazin, Pratiques N°83, octobre 2018

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