Dix-sept familles Roms (tziganes roumains) sont stationnées boulevard Koenig à Nantes, depuis septembre 2005, sur un terrain de la Communauté Urbaine de Nantes métropole, à deux pas de réservoirs d’hydrocarbures, sur un site classé Seveso, près du pont de Cheviré.
En 2005, la Ville de Nantes n’a eu de cesse de les faire expulser par la police pour occupation illégale de terrains où elles avaient trouvé refuge. Aujourd’hui, la Communauté Urbaine a saisi la justice pour statuer sur leur cas : par décision en date du 24 juillet 2006, le Juge de l’Exécution a constaté l’inapplicabilité de toute médiation en l’absence d’accord des parties et sursoit à l’expulsion jusqu’à la date limite du 12 août 2006. Ceci signifie qu’à compter de cette date couperet, ces familles se feront expulser, nous pouvons le craindre, dans des conditions violentes comme par le passé, sans qu’il leur soit proposé des solutions d’hébergement. Leurs caravanes qui ne sont plus en état de circulation et qui ne seront pas déplacées, risquent d’être détruites, sans que les familles puissent emporter l’intégralité de leurs effets personnels.
La situation des Roms de France, vivant dans un environnement désastreux (habitat vétuste, aires de stationnement près de quatre voies et de sites industriels) nous rappelle l’Inde et ses vastes pans de populations vivant dans une misère extrême... Les tziganes, de tout temps, ont été des parias. -Hier, ils étaient pourchassés, déportés, et exterminés par les nazis. Aujourd’hui, ils sont victimes d’un racisme exacerbé dans leur propre pays. Leur situation sociale et économique est catastrophique en Roumanie. Les pouvoirs publics ne peuvent l’ignorer. Le personnel soignant qui accueille les Roms constate chez les enfants une sous-vaccination et des dénutritions ; chez les femmes, des grossesses à risque du fait de la pauvreté et des conditions de vie ; chez les adultes, des maladies graves qui justifient un titre de séjour parce que l’accès aux soins en Roumanie est extrêmement difficile voire impossible. La période caniculaire actuelle aggrave encore plus leur état de santé.
Comment refuser à ces personnes le droit fondamental au logement, alors qu’un formidable élan de solidarité de la part de citoyens et de certains élus se manifeste en faveur des familles sans-papiers avec enfants scolarisés en France, menacées d’expulsion ? La majorité des enfants Roms sont scolarisés et ont des certificats de parrainage.
Faudra t-il attendre un accident environnemental majeur pour que nos élus se penchent enfin sur la question et prennent des mesures de relogement des populations en danger ? Les pouvoirs publics ne sont-ils pas responsables de la sécurité et de la santé publiques ? Depuis de longs mois, les élus de la Ville et de la Communauté Urbaine laissent pourrir la situation, refusant de s’asseoir à la même table que les Roms pour négocier et répondent non aux citoyens et associations qui le demandent. Le droit au logement est pourtant un droit inaliénable de toute personne humaine.
Cette situation, humainement dramatique et complexe, requiert une médiation urgente par des personnes responsables, pour trouver une solution alternative et reloger ces familles. Un collectif d’associations citoyennes (1) a sollicité une rencontre dans les plus brefs délais avec les élus de la Communauté Urbaine, afin d’éviter que de nouvelles violences s’abattent sur ces familles.
1. Collectif « Uni(e)s Contre une Immigration Jetable » ; GASProm-ASTI ; Ligue des droits de ’Homme ; MRAP ; Syndicat de la Médecine Générale 44 ; Tous solidaires ; Une famille, un toit ; Médecins du Monde...