Les encouragements qui soignent

J’ai la chance avec mon métier de m’occuper aussi d’enfants. Pour soigner les enfants, les aider à guérir, je les encourage.

Je prends du temps, j’enlève mes chaussures, je m’installe par terre car il est important de se mettre à la même hauteur. Je joue avec eux, tout en partageant mon savoir. Je m’adapte à chaque enfant, car c’est une fois que le lien est établi que se fait la rencontre, c’est déjà beaucoup dans la guérison.

Avec les enfants, je refais les mouvements de coordination, les gestes que je connais si bien comme si je les découvrais avec eux pour la première fois. Je m’émerveille toujours des moindres réussites qui rendent les enfants plus autonomes, plus grands et les aident dans leur handicap. Mais ce sont surtout les encouragements qui font des miracles, je suis toujours surprise de voir comment les enfants savent s’appuyer sur mon regard, mes félicitations, pour dépasser leur peur. C’est ce moteur qui leur donne la force pour avancer.

Parfois, il faut être patient, parfois c’est très rapide, comme cette petite fille qui avait peur de grimper, je l’avais félicitée admirative, parce qu’elle avait pu monter deux barreaux de l’espalier, aujourd’hui elle monte jusqu’en haut en chantant qu’elle est capitaine. Cette autre petite fille prématurée, petite plume qui ne dormait pas la nuit, à deux ans et demi elle se déplaçait sur les genoux, c’est aussi en l’encourageant qu’elle a su lutter, se redresser et marcher, malgré sa spasticité.

Et ce petit garçon qui avait peur de tout, se cachait sous la table, ne supportait pas de marcher pieds nus, c’est bien de savoir qu’aujourd’hui il montre à sa maîtresse comment se masser les pieds, il est devenu un vrai champion du trampoline pieds nus.

Les mamans, il faut aussi les encourager, les écouter. Pour certaines mamans, c’est important de parler des difficultés à élever seule un enfant handicapé et d’accepter de rester modeste sur les acquisitions possibles de son enfant. Alors je les entraîne dans mon enthousiasme, touchée par la confiance qu’elles m’accordent, j’exprime le plaisir de les retrouver et je m’arrange toujours pour qu’elles repartent avec le sourire.

par Sylvie Simon, Pratiques N°33, avril 2006

Documents joints

Lire aussi

N°33 - avril 2006

Fin de mois

par Elisabeth Maurel-Arrighi
N°33 - avril 2006

La dimension du soin en médecine du travail

par Isabelle Lagny