Le fils de la médecine

Septième mois de grossesse, je suis la plupart du temps allongée sur le côté gauche (on m’a expliqué que la veine cave qui irrigue le placenta est à droite et qu’il ne faut pas appuyer dessus)… Les échographies se succèdent tous les quinze jours depuis que ma généraliste a découvert une hypertension artérielle liée à ma première grossesse. Je me rappelle un grand frère que je n’ai jamais connu… l’ombre des dangers plane à nouveau. L’inquiétude des médecins est bien palpable.

Aujourd’hui, je me rends chez ma généraliste. Malgré le traitement à l’aspirine et le repos forcé, les chiffres de ma tension ont augmenté. Elle décide de me faire hospitaliser en urgence. Elle téléphone elle-même à l’hôpital pour confirmer mon arrivée. Elle m’explique encore une fois les risques.

Dans un sursaut, pour ne pas céder à la panique, je me surprends à négocier un délai. Je souhaite rentrer chez moi pour faire ma valise et ne me rendre que le lendemain à l’hôpital… À ma grande surprise, ma généraliste m’accorde ce délai. Je suis plus apaisée d’avoir le temps d’accepter cette nouvelle et mon hospitalisation.

Notre fils est né par césarienne quinze jours plus tard. Il est resté cinq jours dans un service spécialisé, puis dix jours en couveuse dans ma chambre d’hôpital. Tout s’est bien terminé, en somme. Ma généraliste l’a surnommé « Lion vigoureux » !
Je n’ai pas compris tout de suite pourquoi ni comment cette demande et ce respect du « demain » avaient été salvateurs pour le bébé et pour moi… Tous les deux, protagonistes de cette grossesse à risque, avons sans doute réussi, avec l’aide des soignants, à refouler la peur inutile d’un danger pourtant bien réel.

par Françoise Ducos, Pratiques N°68, février 2015

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