Présenté par Marie Kayser
Ce livre contribue à rompre le silence qui entoure l’erreur en médecine en dehors des épisodes médiatiques liés à la judiciarisation de certaines erreurs.
Il s’intègre pour l’auteur, Éric Galam, médecin généraliste, dans la démarche plus globale qu’il mène depuis longtemps de réflexion et d’analyse de la pratique médicale tant au niveau individuel que collectif au sein du groupe Repères [1].
Éric Galam fait une synthèse de la littérature le plus souvent étrangère sur ce thème, relate les études et enquêtes menées auprès de soignants sur l’erreur et ses conséquences pour le patient, mais aussi pour le soignant. Il part de son expérience personnelle d’organisateur de formation initiale et continue sur ce thème. Il s’appuie également sur sa participation au programme « Éviter l’évitable » de la Revue Prescrire, ainsi que sur son activité de coordinateur de l’Association d’Aide professionnelle aux médecins libéraux [2]. L’auteur nous entraîne dans la réflexion sur l’erreur médicale, son omniprésence. Il la réintègre dans la complexité systémique de la relation de soins et du système de soins, alors que soignants, patients et institutions l’attribuent le plus souvent à une défaillance individuelle et plus particulièrement à un manque de savoir, l’accumulation de connaissances étant à la base de l’enseignement reçu. Ce regard sur l’erreur aboutit à l’isolement du soignant « fautif » ; il a une fonction de réassurance pour les autres soignants, mais est grandement dommageable car il empêche toute analyse de la situation, abandonne le soignant à sa culpabilité et ne permet pas l’élaboration d’une réflexion et d’une action préventive sur les erreurs tant au niveau individuel que collectif.
Les conséquences de l’erreur peuvent faire basculer la vie du patient, mais aussi du soignant qui en est « la deuxième victime », même dans les cas où il n’y a pas judiciarisation. L’erreur, surtout quand elle a des conséquences importantes pour le patient, vient bouleverser la vie professionnelle et personnelle du soignant et constitue alors pour celui-ci un véritable « accident de travail » dont la survenue est une des causes du burn-out pouvant conduire au suicide. L’auteur s’intéresse également à la gestion des erreurs : « assumer, se confier et écouter, et surtout parler avec le patient après avoir abordé sans complaisance ou fausse vertu, le pour et le contre ».
Il nous donne ensuite des clefs « analyser, réfléchir, revenir sur ses actions (réflexivité), échanger avec les collègues, signaler, accompagner ceux qui le nécessitent et enfin transmettre à nos jeunes et à ceux qui ne sont pas encore entrés dans l’ère de la sécurité ».
Enfin, il nous parle de la « nécessité d’articuler les registres et de rapprocher patients et médecins, pour le meilleur et pour le pire et fait en conclusion un point d’étape sur les perspectives de développement de la culture de sécurité ».
La lecture de ce livre est à mon avis tout à fait nécessaire pour toutes celles et ceux qui réfléchissent à la pratique médicale, font de l’enseignement et aussi tout simplement sont des soignants.
Éric Galam, L’erreur médicale, le burn-out et le soignant — De la seconde victime au premier acteur, Ed. Springer, 2011.