Claire Martin-Lucy
Infirmière
Quand je me suis inscrite à l’école des infirmières de la Salpêtrière en 1972, j’avais déjà passé deux années en faculté au CHU Pitié et obtenu un certificat de psychomotricité.
Crée par le professeur Duché (nous avions sa seule secrétaire comme interlocuteur et elle longeait les murs placardant sur un petit tableau des listes de noms et d’adresses de stages). Nous avons eu de brillants professeurs, mais nous étions la risée des étudiants en médecine de l’époque : certains se souviennent peut-être de ces « psycho batraciens » qui pratiquaient la respiration abdominale bruyamment ! Nous étions bien trois cents la première année dans un amphi, la deuxième année beaucoup moins. Les élèves qui n’avaient pas encore le statut d’étudiants étaient obligés de faire des petits boulots à côté et l’assiduité était obligatoire pour obtenir le certificat qui n’offrait guère de débouchés. On trouvait des vacations payées à l’heure, nous n’avions pas de statut dans les établissements et la fille d’ouvrier que j’étais a choisi de faire « son service militaire » en intégrant « l’école des Bleues » pour obtenir un diplôme d’État d’infirmière valorisant à l’époque. Heureusement que j’ai été le poulain d’une monitrice, car dès le premier jour de stage avec les odeurs, la vue des plaies et l’accueil du « cerbère de service », je suis « tombée dans les pommes ». Nicole Q. nous encadrait très bien au lit du malade et, petit à petit, j’ai même appris à aimer faire les pansements les plus sales et ceci jusqu’à ma fin de carrière en chirurgie ORL avec les soins aux trachéotomisés.
La mise en place intelligente du plan de soins, dans les années 70, m’a servi toute ma carrière et j’ai aimé ensuite participer à tout ce travail collectif sur les transmissions ciblées et même la mise en place du dossier informatisé, à l’Institut de cardiologie, a valorisé mes savoirs professionnels. J’ai toujours été fière d’être infirmière.