Il en a fallu des consultations avant que Sylvie ne mette des mots sur son mal être, ses difficultés au travail, son envie de démissionner.
Secrétaire de direction, elle a été progressivement mise à l’écart des
décisions, dévalorisée dans ses tâches, dépossédée de son bureau et installée dans le hall d’entrée de l’entreprise, à l’accueil. Cela durait depuis plusieurs mois. Elle a accepté d’en parler au médecin du travail, avec l’inspection de travail. Elle a participé à un groupe d’échange entre salariés en situation de souffrance, dans le service de maladie professionnelle dont le but est de rompre le sentiment d’isolement et d’imaginer différentes stratégies du faire face possible.
C’est ensemble, avec les compétences de chacun, que nous avons décidé d’un arrêt maladie, puis d’une inaptitude qui a conduit à un licenciement dans de bonnes conditions. Sylvie a certes perd son emploi, mais a retrouvé toute sa dignité et est prête à envisager autrement son rapport au travail. Pourquoi Sylvie s’est-elle tant isolée et laissée humilier, quelle image avait-elle d’elle-même pour qu’elle ne se sente pas en droit de revendiquer sa place ?
Peut-être que cette épreuve lui permettra enfin d’aborder toutes ces questions. Le soutien collectif peut aussi servir à ça.