Tentative d’une taxinomie restreinte du comportemeent des acteurs du système de santé en période électorale

-  Il y a ceux qui disent des choses, font le contraire de ce qu’ils disent et mobilisent des foules.1

-  Il y a ceux qui disent des choses, proposent de vagues idées directrices pour une amélioration du système et mobilisent les foules.2

-  Il y a ceux qui disent des choses extrêmement précises, proposant des solutions aux problèmes posés qui mériteraient pour le moins d’être discutées dans le cadre d’un débat démocratique et même essayées grandeur nature sur le terrain, mais qui n’attirent pas les foules.3

-  Il y a ceux qui depuis longtemps ont compris les faiblesses de notre jeu démocratique et expliquent comment réussir un putsch dans l’institution médicale.4

-  Il y a ceux qui ne disent rien, mais n’en pensent pas moins.5

-  Il y a ceux qui ne disent rien et n’en pensent rien ; ils ne s’intéressent au système de soins que lorsqu’ils sont malades. Ils ne comprennent pas ces luttes de pouvoir par absence de la connaissance de rouages de notre machine à fournir des soins, et font simplement le constat que se soigner coûte de plus en plus cher.6

Notes
1. Marc Blondel, le secrétaire général de F.O. qui a réuni 12000 militants à Bercy et adressé une « mise en garde solennelle » contre toute atteinte à la Sécurité sociale, alors que cette centrale syndicale s’oppose depuis plus de vingt ans à toutes les réformes pour améliorer notre système de soins, mais qui pourraient menacer son pouvoir décisionnel exorbitant – au regard de sa représentativité réelle – ainsi que la manne financière que représente pour ce syndicat le fonctionnement actuel des caisses de Sécurité sociale.
2. Un peu en vrac, citons ici les autres centrales syndicales de travailleurs, les mutuelles, les partis politiques dits de gauche, certains écologistes.
3. De façon non exhaustive et avec un parti pris revendiqué, on peut placer ici le Syndicat de la Médecine Générale et de nombreux technocrates (économistes, professionnels de santé suffisamment médiatiques pour pouvoir s’exprimer dans les médias en leur nom propre).
4. Cf. l’entretien dans ce numéro avec le Professeur Marcel Legrain.
5. Les politiciens au pouvoir actuellement, qui se gardent bien d’agiter la moindre vague dans le monde médical, certains qu’ils sont de leur victoire électorale et du ralentissement de la cervelle de bon nombre de médecins libéraux grâce à l’augmentation de 5 francs des honoraires médicaux au 1er mars 1995. Nous mettons aussi dans cette case MG-France qui, en ne prenant pas position dans la période actuelle sur les questions d’ensemble portant sur l’avenir de la protection sociale et du système de soins, s’aménage toutes les portes de sortie possibles, y compris celle d’un syndicat de services étroitement corporatiste au bénéfice des seuls médecins généralistes. Citons aussi les compagnies d’assurance peaufinant dans leurs cartons des projets de système de soins éclatés avec filières de soins mis en concurrence commerciale via une couverture santé complémentaire individuelle.
6. Nous mettons ici 99,9 % des électeurs appelés à choisir le prochain président de la République.

par Patrice Muller, Pratiques N°43, décembre 2008

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