Soigner et jouer peuvent paraître antinomiques, tant la médecine est une chose sérieuse. Pourtant, les jeux d’enfants témoignent qu’ils permettent de penser et de transformer la réalité. Jouer sert à expérimenter et à décaler les situations, mais aussi les relations. Dans la relation de soins, le jeu est aussi utile au soignant qu’au patient. Il intervient de façon inopinée, ou est mis en scène, mais tous les cas il déplace, crée une distance qui dédramatise et rend possible l’interprétation et l’échange. Il n’est fécond que si les différents partenaires acceptent de jouer. Il peut aussi être virtuel, utile dans sa fonction de déplacement vis-à-vis d’une réalité angoissante. Dans le psychodrame, l’implication dans le jeu fait surgir une parole jusqu’alors impossible en l’articulant avec des émotions, étayées par le groupe.
N°62 - juillet 2013