Qui sont les Roms ? Un peuple qui a une culture et une langue parlée depuis sept siècles en Europe. Ils n’ont pas de territoire, mais se reconnaissent et s’appellent eux-mêmes Roms, ce qui veut dire « homme », Romni au féminin. Ils constituent la plus nombreuse minorité nationale de l’Union européenne. Il y a des Roms depuis longtemps en France. Mais c’est contre ceux qui sont arrivés dans les vingt dernières années, après la chute des régimes communistes d’Europe de l’Est et l’ouverture du « rideau de fer », pour fuir la misère et les discriminations, que se concentrent rejet et stigmatisation. Ils peuvent être roumains, bulgares, ou encore bosniaques ou ukrainiens. Ceux qui vivent en France sont en majorité roumains, donc citoyens de l’Union Européenne depuis l’entrée de la Roumanie dans l’Union Européenne en 2007. Ils vivent dans une grande pauvreté, dans des conditions parfois extrêmes, construisant leurs maisons avec ce qu’ils récupèrent, les reconstruisant dans d’autres lieux après les expulsions, tout en maintenant leur cohésion familiale et culturelle. Mais cela complique beaucoup leur accès aux droits : comment scolariser leurs enfants quand ils n’ont pas de lieux de vie stable, vivant en marge de la ville et obligés régulièrement de partir ? Comment trouver du travail alors qu’ils doivent d’abord se procurer une autorisation spéciale de travail par la préfecture et qu’ils ont droit à une liste d’emplois limitée ? Comment avoir accès aux soins quand on ne sait pas comment obtenir une couverture sociale et que l’on n’a pas de domiciliation ? L’obtention de l’Aide Médicale de l’Etat (AME) était déjà beaucoup plus longue pour les Roumains (environ six mois) que pour les étrangers extérieurs à l’Union européenne (environ deux mois). Et récemment, la Sécurité sociale a encore aggravé le problème en demandant aux Européens communautaires qui souhaitent avoir l’AME de commencer par demander la couverture maladie universelle (CMU), à laquelle ils n’ont pas droit (!), afin de présenter un refus de CMU comme premier justificatif de non-couverture sociale pour obtenir l’AME, à laquelle ils ont droit. Ceci allonge considérablement les délais d’obtention de ce droit, octroyé pour un an seulement, qu’ils obtiennent parfois deux mois seulement avant son expiration. Cela touche particulièrement les Roms, qui ont du mal à accéder aux travailleurs sociaux, et dont l’état de santé est aggravé par leur pauvreté. Pourtant, dans plusieurs villes (Lyon, Nantes...), des expériences associatives montrent que si on les aide activement, ils ont le souci de s’intégrer, d’envoyer leurs enfants à l’école et de se soigner comme les autres habitants. Dans d’autres endroits, il faut l’intervention de la Défenseure des droits de l’enfant pour que les municipalités acceptent de les inscrire à l’école, et seules les associations humanitaires se préoccupent de leur santé. Comment peut-on vivre dans un pays riche, hypermédicalisé et supporter que les plus pauvres de ceux qui y vivent soient cyniquement abandonnés ? À l’heure d’une stigmatisation orchestrée de ce peuple, il est temps d’affirmer que nous sommes solidaires des Roms, quel que soit le lieu où ils se trouvent.
N°63 - octobre 2013