Les associations qui résistent le mieux sont celles, de patients ou de soignants, dont la position est revendicatrice, et non pas victimaire. Cette résistance à l’arbitraire, cette révolte devant les injustices de santé dont nous sommes témoins et, à notre corps défendant, acteurs tous les jours, a son origine dans des décisions politiques qu’il nous faut collectivement analyser et combattre par nos actes.
Il ne suffit pas de refuser, ni de résister. Encore faut-il construire la riposte dans un engagement collectif aux côtés des patients. La première riposte est dans ce geste subversif qui inverse le rapport de pouvoir sur le patient exposé à l’injustice en un rapport de complicité et d’incitation à sortir du statut de victime pour trouver les moyens de se défendre et d’agir. Cela passe par la restauration de l’estime de soi, qui est un travail de long terme. Le « colloque singulier » ouvre ainsi les voies paradoxales d’une prise de conscience du collectif. « Prescrire la révolte » devient alors un véritable acte thérapeutique. La maladie fait fondamentalement partie de la vie ; mais les injustices qui l’accompagnent sont, elles, inacceptables.
Cette inversion du rapport de force se trouve aussi dans nombre de démarches associatives, qui permettent d’entrer en lutte contre des pouvoirs abusifs.
N°53 - avril 2011
---- Troisième partie : Riposter
Pratiques N°53, avril 2011