Les auteurs dénoncent ici la perversité des mécanismes mis en place pour faciliter la casse de l’hôpital public, programmée, depuis les accords de l’OMC, par la privatisation du système de santé. Le paiement à l’acte, l’intéressement des praticiens hospitaliers aux résultats financiers de leur service, les dépassements d’honoraires à l’hôpital comme dans la médecine de ville compromettent un accès aux soins équitable.
La toute-puissance financière des lobbies pharmaceutiques est favorisée par les pouvoirs politiques à l’encontre de la protection des patients, ce dont la récente affaire du Médiator®, dénoncée par Pratiques dès 1977, n’est qu’un des multiples symptômes. L’un des effets en est la priorité donnée à la technicisation sur la qualité de l’écoute du malade, au risque d’une inflation injustifiée de prescriptions et d’examens.
Les corporatismes, notamment médicaux, favorisent l’inertie ou la complicité à l’égard de pratiques dont les soignants sont acteurs ou témoins, mais aussi l’exacerbation d’une hiérarchie illégitime entre les différents soignants.
La remise en cause du droit des travailleurs à la santé se fait par le durcissement des critères de reconnaissance ou simplement la multiplication des obstacles bureaucratiques et les moyens ôtés à la médecine du travail, poussant souvent au désespoir, voire au suicide.
N°53 - avril 2011
---- Première partie : Refuser
Pratiques N°53, avril 2011