— Dossier —

L’idée de ce numéro s’inscrit dans l’initiative des États Généraux de l’Économie Solidaire et Sociale, qui doivent se tenir en juin 2011.
La revue Pratiques s’affirme depuis 1975 comme une revue de réflexion et de résistance. Résistance en particulier aux pouvoirs économiques, politiques et institutionnels qui nient l’exigence fondamentale d’une vraie politique de santé publique. Cette résistance se fait au quotidien, dans l’espace des cabinets médicaux comme dans celui de l’hôpital. Elle se fait aussi dans tous les lieux où l’on réfléchit sur les questions de santé, et où le regard critique est trop souvent qualifié de manquement à la « neutralité scientifique ».
C’est sur tous ces fronts que les auteurs font état de leurs engagements, en dépassant un stade d’indignation qui ne paraît pas suffisant pour définir la dynamique des pratiques. En effet, la résistance est pour nous une attitude de longue date dans le quotidien de nos activités confrontées à la dégradation de l’accès aux soins, à l’aggravation des conditions de la pratique médicale, et, plus généralement, à la destruction du lien social.
Ces restrictions, dans un temps où les profits financiers se donnent libre cours, se traduisent aussi bien en termes de déremboursement qu’en termes plus généraux d’atteintes massives aux acquis de la Sécurité sociale. Elles favorisent la montée en puissance des assurances privées et, plus généralement, la remise en cause d’un système de santé publique et solidaire.
Un système de santé publique égalitaire est pourtant la condition nécessaire à la reconnaissance de la subjectivité des patients, de leur singularité. Chaque consultation est un moment privilégié où le patient peut espérer faire entendre sa souffrance. Il faut lutter pour défendre cet espace relationnel, contre les mesures qui visent à transformer les soignants en réparateurs d’organes et en gestionnaires.
Nous voulons, par ce travail collectif, rendre compte de la révolte et de la résistance chez les soignants comme chez les patients et les usagers de la médecine, mais aussi dans tous les lieux (d’éducation, de service public) affrontés aux destructions politiques qui sont à l’œuvre. C’est ce sens du collectif, face à l’intimité des problèmes de santé et contre la dégradation des politiques publiques, que ce numéro veut impulser.
Ce dossier se présente sous trois axes : refuser, résister, riposter.


Pratiques N°53, avril 2011

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