Des études hémiplégiques

Entretien avec Maud Gelly
Médecin généraliste.
Propos recueillis par Martine Lalande

Les jeunes médecins généralistes, bien mieux formés que les anciens sur le plan médical, ressentent l’insuffisance de leurs études en enseignement de sciences humaines. Maud Gelly travaille au Centre d’interruption volontaire de grossesse et de contraception de Colombes depuis six ans, et en parallèle au centre de Planification de Saint-Denis : « J’ai hésité entre lettres et médecine jusqu’en terminale et j’ai choisi médecine au dernier moment parce que c’était plus long et que j’adorais l’école. Je ne suis pas totalement insatisfaite par le contenu des études de médecine, que je trouve néanmoins hémiplégiques. Car les enseignements sont assurés quasi exclusivement par des médecins, alors que cela ne nous aurait pas fait de mal d’être aussi formés par des psychanalystes (et pas seulement dix heures de cours en première année), des historiens de la santé publique, des sociologues de la santé, des militants d’Act Up 1, des anciennes du MLAC 2… Je rêve un peu, mais pourquoi pas ? »
1. Association militante et activiste de patients vivants avec le Sida et de militants qui n’hésitent pas à mener des actions spectaculaires et provocatrices, et participent aussi aux commissions de recherche sur les traitements du Sida.
2. Mouvement de libération de l’avortement et de la contraception, association qui a mené la lutte pour le droit à l’avortement dans les années 1970 en organisant la pratique d’avortements clandestins en France, déterminante dans la lutte qui a permis d’obtenir la légalisation de l’avortement par la loi Veil de 1975.


par Maud Gelly, Pratiques N°55, octobre 2011

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