Une expérience aux urgences pédiatriques

Alexis a choisi le 8 mai, comme son cousin Jules, pour pointer le bout de son nez. C’est un bébé tonique et paisible sauf quand le biberon se fait trop attendre.

Alexis a six semaines quand, un lundi matin, il a de la fièvre (39°3). Celle-ci diminue avec du Doliprane mais remonte quand les effets du médicament se sont dissipés.

Sophie, sa maman, l’emmène consulter. Après un examen général, le médecin lui conseille de continuer le Doliprane mais si la fièvre ne tombe pas définitivement de faire une analyse d’urine. Ce qui est fait le mercredi matin. Alexis a toujours bon appétit. A partir de mercredi soir Alexis n’aura jamais plus de fièvre mais les résultats montrent dans les urines un taux de leucocytes de 71 280. Il y a donc infection. Il faut attendre le lendemain pour identifier le germe.

Alexis va tellement bien que l’on pourrait croire qu’il n’y a plus d’infection. Cependant jeudi le verdict tombe : c’est une infection urinaire à Escherichia coli.

Sophie contacte son médecin qui cette fois lui conseille d’aller aux urgences pédiatriques de Béclère pour qu’Alexis reçoive une dose d’antibiotique par voie intraveineuse. Elle prévient que les médecins de l’hôpital vont sûrement lui reprocher de ne pas être venue dès le lundi. Ce qu’ils feront avec véhémence : il y a un protocole à respecter ; un enfant de moins de trois mois avec de la fièvre est une urgence pédiatrique. Dans le cadre de ce protocole, Alexis aurait dû avoir une ponction lombaire !!!
Par contre, la personne avoue ne pas savoir quoi faire car avec une infection urinaire il doit y avoir de la fièvre.

Ils installent une voie sur la main d’Alexis qui reçoit une dose de Rocéfine et passe la nuit à l’hôpital avec sa maman.

Vendredi matin, ils emmènent Alexis pour une échographie des reins. Un échographe étranger lit l’ordonnance, dit qu’il ne comprend pas tout de la prescription mais qu’il va faire ce qu’il croit avoir compris ! Et il annonce aux parents que leur bébé a un rein surnuméraire, que c’est une malformation grave puis une pédiatre confirme que cette anomalie implique qu’il peut y en avoir d’autres notamment au niveau cardiaque et aux vertèbres et parle d’une éventuelle trisomie 18 !! Il faut pousser les investigations. Allez, les parents, prenez ces nouvelles comme vous le pouvez ! Les échographies vont être transmises à l’urologue.

A 17 : 00 – une interne vient dans la chambre, le sourire aux lèvres, leur annoncer une bonne nouvelle. L’échographe s’est trompé ; il n’y a pas de rein en fer à cheval (tiens, ce terme n’avait pas été utilisé le matin), donc pas d’autres anomalies à rechercher. Ils proposent de faire la deuxième injection d’antibiotique dès maintenant et la troisième samedi à 14 : 00 juste avant la sortie. Il faudra également prendre un RV pour faire une cystographie.

Parallèlement, le médecin traitant avait contacté l’hôpital en début d’après-midi. Les médecins hospitaliers lui avaient dit qu’ils n’étaient pas inquiets pour Alexis (sympa pour les parents qui ont dû attendre jusqu’à 17 : 00). Au passage ils lui ont tout de même reproché de ne pas avoir envoyé Alexis aux urgences dès le lundi.

Soulagement pour tous et donc bonne nuit. Mais il ne faut jamais se réjouir trop tôt : il y a les protocoles !

Samedi, dernière injection. Le cathéter est bouché le liquide ne passe pas. Qu’à cela ne tienne l’infirmière va piquer Alexis sur l’autre main. Oui mais ça fait mal ; il pleure, se débat. La veine est piquée mais l’antibiotique ne passe toujours pas. Cela devient de la torture et les parents leur demandent de tout arrêter. La maman suggère de ne pas faire l’injection et d’entamer d’emblée le traitement par Oroken par voie orale prescrit à sa sortie pour sept jours.

Protocole : il faut demander au médecin. Celle-ci refuse et propose une injection intra musculaire. Elle prévient : c’est très douloureux mais ce n’est qu’un mauvais moment à passer et d’ailleurs Alexis ne se souviendra de rien.

Sophie m’appelle et me demande de contacter un ami médecin pour avoir son avis. Il me répond que, bien évidemment, il n’est pas nécessaire de faire cette injection. Il faut faire le traitement par voie orale pendant sept jours et contrôler avec un ECBU.

Sophie signera donc un document « sortie contre avis médical » sur lequel le médecin a rajouté au stylo « risque de septicémie et de décès ». C’est dur, c’est violent pour une maman de signer une telle chose, c’est presque inhumain !!!

Il est important de préciser que ce médecin, qui a alarmé les parents après l’échographie, puis leur a fait signer la décharge n’a pas une seule fois examiné Alexis !!!
Depuis Alexis va bien. Pas rancunier il fait des sourires à tout le monde mais quand il s’agit du biberon, c’est du sérieux, pas question d’attendre.
Conclusion : pour être docteur, il suffit d’appliquer des protocoles et au moins le personnel médical ne sera pas tenu pour responsable. On oublie les relations humaines, on oublie de faire une auscultation objective qui tient compte de l’état du malade.

La suite ? Sophie est allée récupérer le dossier médical et a donc eu les rapports médicaux. Je ne vais pas les joindre mais sachez tout de même que le rapport de l’échographe parle d’une patiente de six semaines hospitalisé pour ECBU positif à chéri et colique et qu’il est complètement différent de celui évoqué lors de l’hospitalisation.

J’ai envie de dire : au secours !!! pourvu qu’Alexis n’ait plus de fièvre.

Qu’est-ce qui nous attend à l’avenir ?


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samedi 30 juillet 2011

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