Roundup® : 10 milliards d’indemnisation mais la commercialisation continue

Marie Kayser
Médecin généraliste

Bayer vient de conclure un accord pour indemniser des plaignants américains souffrant d’un cancer qu’ils attribuent au Roundup®, herbicide à base de glyphosate.
Le P.-D.G. de Bayer, qui a racheté en 2018 l’entreprise Monsanto productrice du Roundup®, précise que cet accord « ne contient aucune reconnaissance de responsabilité ou de faute ».
D’après Bayer cet accord met fin à 75 % des litiges sur un total de 125 000 plaintes aux USA, les plaignants indemnisés s’engageant à renoncer à toute poursuite.
Bayer espère ainsi faire taire une campagne judiciaire et médiatique très mauvaise pour son image de marque et... pour sa cotation en bourse.
En France deux procédures judiciaires sont en cours contre Bayer en lien avec des pesticides.
Le glyphosate a été classé en 2015 « cancérigène probable » par le CIRC (Centre international de recherche contre le cancer), instance de l’OMS, il est suspecté d’être un perturbateur endocrinien. Il a, comme les autres pesticides, des effets nocifs majeurs sur l’environnement et la biodiversité.
En France, le glyphosate est interdit à l’achat pour les particuliers depuis janvier 2019, mais continue à être très largement utilisé en agriculture. En 2018 le gouvernement et la majorité parlementaire avaient refusé un amendement visant à inscrire dans la loi l’objectif de sortie du glyphosate. Le président Macron s’était engagé sur un objectif de sortie d’ici 2021, engagement sur lequel il est revenu depuis.
Le glyphosate, comme les autres pesticides, fait l’objet d’un lobbying intense de la part de l’industrie chimique qui conteste sa toxicité.
Une nouvelle étude sur le potentiel cancérogène du glyphosate vient d’être commandée par l’ANSES (Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation de l’environnement et du travail).
L’agence a lancé un appel d’offres.
Dans un document adressé au Monde, un collectif de lanceurs d’alerte met en cause le projet retenu pour réaliser cette étude. Ils affirment que conflits d’intérêts et favoritisme « minent la réponse scientifique attendue par les autorités » : la critique porte, en particulier, sur le fait que « les modalités techniques de l’appel d’offres ont été déterminées par un panel d’experts dont le patron a finalement remporté l’appel d’offres » [1]


lundi 29 juin 2020, par Marie Kayser


[1Stéphane Foucart et Stéphane Horel, « Glyphosate : la déontologie de l’Anses mise en cause », Le Monde, 16 juin 2020.


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