Il s’agit du texte de trois conférences, remaniées depuis 1980, sur le thème « Après la Shoah ».
Aharon Appelfeld était un enfant choyé dans une famille juive assimilée en Autriche, ses parents furent tués au début de la guerre et il vécut quatre ans en fuite dans la forêt, entre 8 et 12 ans ; après la guerre, il trouva refuge dans des camps de déplacés, avant d’arriver en Palestine. Il écrit magnifiquement, d’une manière poétique et intemporelle, des récits qui tous tournent autour de cette période de sa vie.
Cet ouvrage se veut une « réflexion conceptuelle ».
Sur ce qui s’est passé au cours de la Shoah, pour les juifs : comment le sentiment de haine de soi a été attisé. Comment, pour la plupart des juifs assimilés, la surprise d’être considérés et persécutés comme juifs, les a soit fait retrouver leurs racines, soit fait fuir : il y voit une des raisons du silence des rescapés, avec l’incapacité des autres à les comprendre.
Et pose la question de « comment vivre après la Shoah ».Il aborde aussi la question de « Qu’est-ce que la littérature sur la Shoah », la littérature chargée de la « tâche impossible d’unir le particulier au général », distincte des récits écrits pour soulager, des récits documentaires, des témoignages ou des récits imaginés et parfois pervers. Il a une réflexion originale sur l’imagination créatrice : agencement des souvenirs, et non pas invention.
Enfin, il réfléchit sur l’expérience religieuse qu’a représenté pour certains l’horreur de la Shoah : religieuse au sens de « lien et de relation avec l’environnement et avec soi-même : émerveillement qui n’a affaire qu’à lui-même, sans autre intention : c’est vous et le monde, sans séparation. »
« Comment transformer les couches profondes ramenées au jour par la Shoah en vision spirituelle ? » est sa question finale.
Martine Devries