C’est un médecin généraliste qui est face à la torture. Et c’est ça qui m’a intéressé, et d’abord permis de le lire, de passer à travers, le plus rapidement possible je dois l’avouer.
Pierre Duterte a une grande pratique d’accompagnement, plus que ça, il travaille avec des personnes qui ont subi des violences extrêmes depuis 15 ans, d’abord des mineurs, y compris des enfants-soldats, mais aussi des adultes, au sein d’un centre de soin qu’il a réussi à créer en 2001, « Parcours d’exil » .
La modestie du praticien, qui n’est pas « psy », qui travaille sans interprète, et s’en explique, va de pair avec l’ambition extrême du projet.
Il part de sa constatation : à travers les horreurs traversées, ces personnes ont gardé leur humanité, et il veut les aider à retrouver leur place dans le monde des humains. Quitter les symptômes qui à la fois les protègent, et à la fois leur rendent la vie impossible : parce que ces symptômes font souffrir et parce qu’ils empêchent les relations humaines. Outre les douleurs, les insomnies, et les séquelles physiques, les phénomènes de dissociation, de distorsion du temps et de la réalité sont une entrave à la reprise de la vie.
J’ai appris en lisant ce livre quelles formes multiples peut prendre le « syndrome de stress post-traumatique », les erreurs administratives et médicales qu’il peut amener. J’ai trouvé une façon d’être à l’écoute, de prendre position sans donner de leçon, qui m’a impressionnée.
Martine Devries