Deux ouvrages de Marie Didier avaient déjà retenu l’attention de la revue Pratiques : Contre-visite et Dans la nuit de Bicêtre [1]. J’avais donc très envie de lire Ils ne l’ont jamais su, paru cette année.
Marie Didier est médecin, gynécologue, « contestataire » d’emblée, militante parfois. Son intérêt professionnel sort de l’ordinaire, dès le début : elle travaille beaucoup auprès des femmes maghrébines et tziganes, on dirait aujourd’hui immigrées et Roms : des habitantes de bidonvilles. Ce qu’on découvrait dans Contre-visite.
Cette fois-ci, elle choisit de raconter des fragments de sa propre vie, des moments où d’autres ont joué un rôle majeur, rencontres, soutien, émotions, influence, décisions… Tout ce que les autres peuvent faire de chacun de nous. Amis, amoureux, patientes, lecteurs, et aussi les personnes qui l’ont « soignée », elle (elle a été malade), les rencontres de hasard, les lectures : la diversité des liens créés a façonné sa vie, et « ils ne l’ont jamais su ». À travers ces rencontres, se dessine le portrait d’une femme médecin, écrivain, engagée.
« Toujours cette turbulence qui agite la vie dans tous les sens et laisse l’âme inassouvie… Je risquerais, par un excès d’activités, de perdre à mon tour la vraie vie, celle qui rayonne du dedans… Mais je sais aussi que, sous cette imprudence peut se glisser le flambeau d’une inquiétude qui va me lancer à nouveau en avant… »
Ce livre, au début, m’a semblé moins convaincant que les précédents, plus flou, plus anecdotique. Puis j’ai retrouvé l’écriture simple, bouleversante dont j’avais le souvenir, et qui fait que, pour moi, c’est une personne importante, même si elle ne l’a jamais su !