« Trop d’hypocrisie dans ce débat ! Trop de silences coupables, d’insultes, de procès d’intention ! Trop de politiquement correct, et d’humainement incorrect. Trop de déclarations péremptoires faites par des ignorants, de jugements déplacés, de bavardages indécents. Trop de pseudo-« sages », de politiciens timorés, de religieux doctrinaires. Trop de spécialistes incompétents, de « professeurs » qui professent sans savoir.
Beaucoup trop… »
Dans Pitié pour les Hommes, Denis Labayle, médecin hospitalier, dénonce la scandaleuse distorsion des mots employés, l’utilisation malhonnête d’amalgames. Il s’oppose au dogme, soi-disant absolu, du « respect de la vie », et rappelle une autre priorité : la lutte contre toutes les souffrances. Il stigmatise le lâche abandon thérapeutique et social de tant d’êtres humains, la schizophrénie des autorités médicales, une loi sur la fin de vie aussi ambiguë que coercitive, en décalage avec la demande des citoyens et la pratique médicale quotidienne. Il met en cause certaines pratiques dogmatiques qui poussent les soins palliatifs jusqu’à l’acharnement, jusqu’à l’absurdité.
La demande d’euthanasie, explique l’auteur, ce droit ultime de l’Homme, est aussi une manière de refuser de voir la fin de l’existence comme une catastrophe annoncée, et de redonner à la mort un visage humain ? Qu’elle redevienne ce qu’elle n’aurait jamais dû cesser d’être : une phase de la vie.
Un livre choc, à lire absolument.
Denis Labayle, chef de service pendant vingt-cinq ans dans un hôpital de la région parisienne, connaît bien le sujet pour avoir été quotidiennement en contact avec des patients atteints de maladies graves. Il est à l’origine du manifeste des 2 000 soignants qui, en 2007, ont publiquement affirmé avoir aidé à mourir des malades en fin de vie, répondant à leur demande et à celle de leurs proches, obéissant ainsi au devoir de compassion.