Il y a 20 ans, lorsque je demandai au docteur F., médecin anesthésiste, d’entendre la dernière volonté de ma mère, en phase terminale d’un cancer du pancréas, le sujet de l’euthanasie était encore tabou. Si ce docteur avait accédé à la demande de sa patiente, c’est bien qu’il n’avait trouvé aucune solution pour la soulager et compris que sa douleur était aussi affreuse qu’inutile.
Jusqu’à aujourd’hui, je continue de trembler pour ce médecin, même si je n’ai jamais regretté notre secrète décision. J’assume totalement cette complicité avec ce médecin et les deux infirmières présentes. Aussi, afin de leur garantir une réelle quiétude, je ne signerai toujours pas cette note.
Denis Labayle, dans son livre, « Pitié pour les hommes », décrit, avec son implication de médecin, tout ce que j’ai pu ressentir et penser. De surcroit, il argumente, il explicite, il revient sur tous les procès qui ont eu lieu et qui ont fait évoluer la pensée et la législation.
Avec le procès du Docteur Bonnemaison, j’espère, avec les soignants qui ont pris position avec courage, et pour tous ceux qui ont transgressé ce tabou, que la justice prononcera un non-lieu indispensable. Merci au Docteur Denis Labayle d’avoir su entendre et comprendre le sens profond de telles décisions et arrêter l’hypocrisie morale. Peut-on décemment refuser de respecter la volonté ultime ou oublier la nécessité d’abréger la souffrance d’une personne ? Notre dernière volonté, un jour...sera-t-elle d’arrêter, nous-aussi, notre vie à temps ?