Par définition quand il faut changer un système il est difficile de contenter tout le monde, c’est le B à BA de la politique. La négociation conventionnelle sur les dépassements d’honoraires est un bon exemple de ce constat.
Le choix est politiquement facile, dès lors que l’on définit sa politique comme celle de la justice, dixit le gouvernement. Le choix est évident, du moment que l’on sait que 25% des Français renoncent aux soins faute d’argent. Le choix est nécessaire, du point de vue déontologique, le médecin doit soigner les plus vulnérables. Le choix est idéologiquement simple, la médecine à deux vitesse est inacceptable au regard des valeurs de la République. Donc, il faut supprimer les dépassements d’honoraires. _ Seulement, les médecins qui les pratiquent trouvent cette suppression : injuste, économiquement impossible, déontologiquement discutable et idéologiquement contraire à leurs idées : donc ils protestent. Les médecins qui ne pratiquent pas les dépassements d’honoraires (secteur 1) crient, à juste titre, au scandale, si la CNAM (c’est-à-dire le gouvernement) accepte, sous couvert d’une procédure complexe de contrôle du « tact et mesure », le maintien des dépassements et laisse sur le bord de la route, une fois de plus, le médecin généraliste qui respecte le tarif opposable.
Et le citoyen, que dit-il, lui ? Après tout, c’est le plus concerné, car il peut être malade, pauvre, épris de justice, et républicain. Par conséquent, la question du dépassement d’honoraires n’est pas une question médicale, mais sociétale ? Il faut donc un débat public et démocratique sur les dépassements d’honoraires et, au-delà, sur la rémunération des médecins libéraux. La médecine libérale, dans son ensemble – la médecine spécialisée, plus particulièrement –, aurait intérêt, en cette période de crise économique, à montrer que sa finalité n’est pas le profit dans le soin mais bien le soin au service de tous. Si elle ne comprend pas cela, elle se condamne, avec ou sans l’aide du gouvernement, à trahir ses valeurs.