Voici le communiqué de l’APM :
"Protestations après le licenciement de 10 médecins d’un réseau santé-précarité dans les Hauts-de-Seine
COLOMBES (Hauts-de-Seine), 28 juillet 2010 - Plusieurs organisations professionnelles ont protesté contre le licenciement par l’hôpital Louis Mourier (AP-HP) de Colombes de 10 médecins vacataires coordonnateurs du réseau d’accès aux soins Arès 92 (sida, addiction, précarité).
Depuis sa création en 1992, le réseau de santé Arès 92 bénéficie de 10 vacations médicales mises à disposition par l’hôpital Louis Mourier (11 demi-journées de praticien attaché).
Ces vacations permettent de rémunérer la coordination assurée par neuf médecins généralistes et un chirurgien-dentiste qui "prennent le relais de la prise en charge de patients suivis à l’hôpital ou en centre de soins spécialisés et reçoivent des patients en situation de précarité en attendant une ouverture de droits", a-t-on appris mercredi auprès du réseau Arès.
Les professionnels ont aussi une mission de conseil auprès de leurs confrères pour la prise en charge de patients infectés par le VIH ou le VHC ou présentant des conduites addictives. Ils animent aussi des actions de prévention et des formations.
"Les médecins généralistes et le dentiste coordinateurs de ce réseau ont été convoqués en juin par la direction de l’hôpital Louis Mourier pour leur signifier leur licenciement par la suppression de leurs vacations au prétexte du déficit de l’hôpital", a déclaré à l’APM le Dr Martine Lalande qui fait partie des 10 professionnels concernés.
Elle considère que "l’arrêt brutal de l’activité de ces professionnels entraînera une diminution de l’offre de soins pour des patients fragilisés par leur pathologie ou leur situation sociale et remet en cause le travail de nombreuses années, reconnu par les professionnels de santé dans le Nord des Hauts-de-Seine".
"Nous trouvons ces licenciements injustifiés et cette situation très alarmante lorsque l’on sait les difficultés de se faire soigner pour les personnes précaires et la dégradation actuelle des conditions d’accès aux soins", écrivent les professionnels du réseau dans une pétition.
Le "Collectif contre les franchises, pour l’accès aux soins partout et pour tous et pour une sécurité sociale solidaire" (SUD santé, Union syndicale de la psychiatrie, coordination des comités de défense et de développement des services de proximité, etc.) a adressé un courrier de protestation lundi à la direction de l’hôpital de Colombes. Une pétition de soutien aux médecins licenciés à été lancée début juillet sur internet qui a recueilli 230 signatures.
Dans une lettre adressée en juin au président et au directeur général de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP), Jean-Marie Le Guen et Benoît Leclercq, le président et la directrice du réseau Arès ont mis en avant le fait que leur réseau "permet[tait] de réaliser des économies" en améliorant l’utilisation de l’offre de soins, la prévention et l’éducation à la santé.
Au 31 décembre 2009, le réseau comprenait 259 professionnels ou structures adhérents et avait 952 patients inclus. Il a réalisé en 2009 496 actes et 127 consultations d’orientation.
Interrogée mercredi par l’APM, la directrice de l’hôpital Louis Mourier, Gwénolée Abalain, a confirmé qu’elle avait reçu les médecins coordonnateurs du réseau dans le cadre d’une procédure de licenciement.
"Lors de la création de réseau Arès, il n’y avait pas de financement spécifique pour les réseaux de santé or maintenant ces réseaux sont financés par une enveloppe spécifique régionale", a expliqué la directrice pour justifier l’arrêt du financement par l’hôpital.
Elle a affirmé que "l’hôpital [allait] maintenir ses liens avec le réseau" et qu’elle restait "attachée à la prise en charge des populations précaires". "Nous menons d’ailleurs une réorganisation pour avoir un meilleur accueil et un meilleur accès pour les patients", a déclaré Gwénolée Abalain.
Le centre hospitalier Louis Mourier a présenté à fin 2009 un déficit de plus de 12 millions d’euros."
co/ab/APM polsan
redaction@apmnews.com
Remarques :
- La direction (précédente) de l’hôpital Louis-Mourier n’aurait pas fait la demande de subventions au titre des MIGAC (missions d’intérêt général de l’hôpital) qui aurait permis d’augmenter les moyens de la PASS (Permanence d’Accès aux Soins de Santé) et/ou de payer ces moyens spécifiques assurés par les médecins du réseau ;
- La politique de licenciements des vacataires a déjà commencé à l’APHP (elle a par exemple touché récemment les 40 dentistes assurant les consultations d’accès aux soins dentaires à l’hôpital Bretonneau) et elle vise tous les médecins extérieurs à l’hôpital qui y font des vacations ;
- Les réseaux de santé (ex-ville/hôpital) sont en effet financés par des subventions, qui se doivent d’être diversifiées. Ces vacations représentaient la participation de l’APHP à un réseau qui facilite l’accès aux soins autour de l’hôpital Louis-Mourier ;
- Pour les médecins qui par ailleurs ont un poste à temps partiel à l’hôpital Louis-Mourier pour d’autres activités (ECIMUD pour les usagers de drogue, consultations VIH et centre d’iVG), il est proposé une réduction de temps de travail correspondant au temps exercé pour le réseau ARèS (10% pour chacun). En cas de refus, il leur sera proposé une mutation dans un autre hôpital du groupe ou de la région. S’ils ne veulent pas de cette mutation, ils seront licenciés de leur poste en totalité...