En travaillant dans un quartier défavorisé, nous nous sommes vite trouvées confrontées à une patientèle qui subissait très tôt dans sa vie les effets d’une usure au travail, des maladies.
Inutile de rappeler qu’un ouvrier, à l’heure actuelle, n’a aucune chance d’arriver à l’âge légal de la retraite de 67 ans aujourd’hui, sans une incapacité de grade 2, c’est-à-dire pour les actes de la vie courante. Les inégalités sociales de santé existent ! Il suffit de consulter l’âge de décès de nos patients pour nous en convaincre…
Nos patients ont souvent des métiers durs, sans qualification, exposés aux risques d’accidents du travail et de maladies professionnelles. Ils sont également plus exposés aux risques de maladie (cancer, diabète, obésité…) et à ceux des toxiques (tabac, alcool, drogues…). Ils n’ont souvent pas les moyens d’avoir des complémentaires maladies. Et les entreprises dans lesquelles ils travaillent ne sont souvent pas couvertes par des contrats de prévoyance ou d’assurance complémentaire elles-mêmes.
Nous avons vite compris que nous pouvions avoir un rôle dans l’atténuation de leurs malheurs et que pour cela, nous devions comprendre les rouages de l’accident du travail ou de la maladie professionnelle, de l’invalidité, du handicap. En les accompagnant dans les procédures d’expertise ou de recours, nous avons peu à peu acquis un savoir-faire que nous essayons de transmettre à nos étudiants au sein de la Maison de Santé du Neuhof à Strasbourg.
Nos certificats médicaux sont des actes de soins au sens noble du terme. Ils peuvent être également des actes militants.
Élisabeth PENIDE – SMG