Les "morts blanches" de Turquie et d’ailleurs...
Les ouvriers turcs du textile pulvérisent du sable à très haute pression sur le tissu afin de vieillir des jeans. C’est ainsi qu’à cause de ce procédé de travail, plus de 6000 ouvriers turcs de cette branche professionnelle sont atteints de silicose. N’existe-t-il pas d’autres procédés non nocifs ? Pourquoi faut-il absolument porter des jeans délavés, besoin parfaitement inutile et créé de toutes pièces par le mensonge publicitaire ?
Dans les mines turques, entre 1995 et 2012, 3053 ouvriers sont morts et il y eut 362 208 blessés. Dans ce pays, chaque année, les accidents miniers font en moyenne une centaine de victimes. Ils se sont multipliés après une série de privatisations au profit d’entrepreneurs proches du pouvoir en place. Entre autres dysfonctionnements : sous-traitance employant des ouvriers à bas coût avec peu d’expérience, consignes de sécurité non respectées, exploitation illégale de certaines mines, etc...La Turquie détient le triste record du pays le plus dangereux pour ses travailleurs en Europe [1].
Le but, ici, n’est pas de montrer du doigt ce pays et son peuple, mais la responsabilité des grands industriels et des gouvernements de l’Europe et de celui de la Turquie qui promeuvent des politiques destructives et criminelles à grande échelle par la privatisation de l’appareil de production et des services publics. Et ce n’est pas la réélection du conservateur Erdogan qui va améliorer le sort des ouvriers turcs.
Peut-on, à ce stade, parler de "construction" européenne ? Pour qui est faite l’Europe ? Pour les peuples ou pour les hommes de pouvoir corrupteurs et leurs amis corrompus ?
Quand donc les peuples européens reprendront-ils leur destin en main, s’uniront, pour créer un rapport de force international en faveur du travail et non plus en faveur du capital et de son système qui détruit des vies et détourne trop de richesses, en toute impunité ?
En Turquie, chaque année, tous secteurs d’activités confondus, les accidents du travail font 1000 morts. Les syndicats et les partis de gauche turcs ne parlent pas "d’accidents" du travail mais de "massacres". En Italie, les médias appellent ces accidents de travail mortels, des "morti bianche" (morts blanches), c’est-à-dire des morts sans traces ni carnage, à la différence des crimes de sang [2].