L’exaspération des médecins généralistes est très forte. Elle s’est exprimée dans le mouvement de grève des médecins généralistes du 23 décembre.
Le gouvernement aurait tort de continuer à mépriser cette légitime colère. Pour autant, le mélange des genres n’aide pas à la compréhension de ce que veulent exprimer les médecins généralistes avec cette grève, incompréhension aggravée par la parole médiatique qui, à de rares exceptions, ne s’exprime que sur la forme et ignore le fond.
Il va bien falloir choisir entre les conservateurs archaïques qui vont défendre bec et ongles les fondamentaux de la médecine libérale, ceux-là mêmes qui produisent la crise d’aujourd’hui, et les progressistes qui veulent une transformation du système de distribution des soins pour le faire évoluer vers un système de santé qui réponde enfin aux besoins de santé de la population.
Ne pas assumer ce clivage c’est conduire le mouvement dans une impasse, et par voie de conséquence, le mouvement de contestation actuel par la grève va être contre-productif. Nous ne sommes pas dans l’ignorance de ce qu’il convient de faire, la construction d’un système de santé territorial et de proximité, dans une organisation collective, avec, et pour une médecine libérale adossée au service public, mais nous sommes dans la peur d’assumer le changement.
Pour sortir de cette paralysie il faut oser soumettre au débat public la question de l’avenir de la médecine générale. Rester dans un entre-soi au moment où nous avons un ministère de la santé d’une incroyable bêtise, c’est certainement se prendre les pieds dans le tapis. Nous devons aller vers la population pour expliquer que le mouvement de protestation des médecins généralistes ne peut se résumer à un mouvement d’humeur de privilégiés de la Société qui en demandent toujours plus, mais est bien une sollicitation démocratique pour redéfinir ce que doivent être, aujourd’hui pour demain, les missions des médecins généralistes et, au-delà, des soignants du premier recours.