Textes de Augustin Berque, Laure Chazelas, Françoise Chenet, Gilles Clément, Michel Collot, Jean Mottet, Claude Murcia, Sylvie Nail, Dominique Louise Pélegrin, Philippe Roger, Guy Tortosa, Jacques Van Waerbeke
Après un long parcours, commencé avec La Grande Touffe d’herbes de Dürer (1503), le motif de l’herbe confirme aujourd’hui sa présence dans l’art : figure interne aux écritures (La Fabrique du Pré de Ponge, L’Herbe de Claude Simon), aux peintures (Olivier Debré, Henri Cueco), « matière-émotion » pour certains cinéastes, souvent les plus grands (Malick, Pasolini, Kiarostami). À y regarder de près, l’herbe et ses intensités ne sont plus subordonnées à une représentation paysagère qui ordonne l’espace et le temps.
D’où l’hypothèse à l’origine de cet ouvrage collectif : la recherche de nouveaux fondements à notre relation avec la nature fragilise la représentation au profit de nouvelles expériences esthétiques qui se tournent désormais vers ce que René Char appelait « l’éprouvante simplicité » des motifs élémentaires : le nuage, le rocher, l’arbre, l’herbe… Mais l’herbe n’est pas seulement un motif pour l’art. Il faut la travailler, surveiller sa pousse, la faucher pour alimenter les bestiaux. Dans l’agriculture aussi, la place réservée à la prairie est l’objet de vifs et féconds débats.