Pr Agnès Hartemann,
Cheffe du service de diabétologie à l’hôpital de la Pitié.
« Le cauchemar a commencé quand on a commencé à nous dire : « Il va falloir que vous produisiez du séjour », alors qu’on avait l’habitude de prodiguer des soins » […] « On a peur, car quand notre activité baisse, on nous supprime des moyens. […] Je devenais une espèce de robot, à dire : « Quand est-ce qu’il sort ? Quand est-ce qu’il sort ? Quand est-ce qu’il sort ? » Parce que je me disais dans ma tête « cela fait quinze jours qu’il est là, il occupe la chambre, je ne vais pas pouvoir faire du séjour ». Ce sont les jeunes, les infirmières, qui me regardent. Maintenant je sais que quand on me regarde comme ça, c’est que je ne suis plus éthique ».
Ces propos sont extraits de la conférence de presse donnée à La Pitié le 14 janvier 2020. Avec elle, 1 200 chefs de service des hôpitaux publics annoncent leur démission. Plusieurs rencontres avec la ministre de la santé, Agnès Buzyn, sont restées infructueuses. La situation dramatique des hôpitaux publics reste bloquée : la T2A (tarification à l’activité) et les restrictions budgétaires étouffent l’hôpital, les professionnels soignants sont en grande souffrance et les patients en danger.
En attendant un article d’Agnès Hartemann prévu dans le n° 89 de Pratiques à paraître en avril, nous vous proposons de l’écouter.