Nous sommes tous concernés par le projet de Loi sur la réforme du Code du travail.
Nous les soignants, parce qu’à nos consultations, nous voyons trop l’expression de la souffrance au travail. Pas seulement les troubles musculo-squelettiques, et les accidents du travail, mais aussi la souffrance résultant de l’obligation d’atteindre les chiffres, d’être performant (alors qu’est niée la compétence du salarié), et du rythme fou pour toujours produire plus.
Devenir un individu performant, productif, mais, en plus, jetable si on ne fait plus l’affaire ne peut être que destructeur. Cette destruction ronge le corps et l’esprit, le symptôme se répand et provoque la détérioration psychique pouvant conduire à l’irréparable.
Nous ne pouvons pas seulement répondre à cette détresse que par le médicament qui endort provisoirement la souffrance et abruti l’esprit. Notre projet thérapeutique doit être de rejoindre la lutte pour défendre la dignité de tous, et d’abord, celle de nos patients devenus de simples agents de productivité.
Qui pourra vivre serein quand pèsera, en permanence, le risque de la perte de l’emploi parce que l’entreprise va mal ; qui pourra s’épanouir dans son travail quand la crainte envahira l’entreprise et que chacun souhaitera que c’est sur l’autre, le collègue, que s’abatte la sentence. La maladie ne pourra que s’étendre, nul salarié ne sera à l’abri.
Ceci ne relève pas du fantasme, c’est la narration quotidienne qui est faite dans nos lieux de soins. Et bientôt nous ne pourrons plus appeler à l’aide nos confrères de la médecine du travail, sa disparition est prévue par la Loi !
C’est ce gouvernement qui est malade, son cancer antisocial se développe, les métastases se répandent. La question de la thérapeutique est posée : traitement curatif ou traitement palliatif ? Son espérance de vie est comptée, mais la maladie antisociale peut encore faire des dégâts. Il est donc temps de s’unir pour terrasser le mal.