A nos gouvernants et responsables d’agences sanitaires
Vous avez laissé la totalité du développement des médicaments dans les mains des firmes pharmaceutiques,
Vous vous entourez d’experts qui ont des liens d’intérêt avec ces mêmes firmes.
Vous prenez des décrets dits « de transparence » qui laissent persister l’opacité sur ces liens.
Vous contemplez passivement l’influence des firmes sur les soignants…
Et vous semblez surpris que le ranibizumab ( Lucentis ®) du laboratoire Novartis caracole en tête des remboursements par l’Assurance maladie des médicaments de ville à 389 millions d’euros ?
Il est utilisé avec une Autorisation de Mise sur le Marché ( AMM) en injections intra- oculaires dans une maladie qui atteint la vue : la DMLA (Dégénérescence maculaire liée à l’âge) et assez largement dans d’autres indications hors AMM au bon gré des ophtalmos.
Il existe pourtant un médicament proche : le bévacizumab ( Avastin ®) du laboratoire Roche, dont l’action et les effets secondaires dans la DMLA sont, d’après les études menées dans de nombreux pays, analogues à ceux du Lucentis®, et qui coûte 20 fois moins cher que celui-ci. Il a été largement utilisé en France et dans le monde, mais Roche refuse de demander l’AMM pour la DMLA.
Vous avez finalement trouvé l’addition trop salée, alors, vous avez bricolé :
Vous avez d’abord fermé les yeux sur l’utilisation de l’Avastin® hors AMM dans la DMLA, puis, par crainte de recours devant les tribunaux ( ou pire, sous influence ?) , vous en avez interdit l’usage en milieu hospitalier.
Vous avez incité Roche à demander une AMM pour l’Avastin® dans la DMLA, mais Roche, lié à Novartis par des intérêts financiers, a refusé.
Vous avez essayé de négocier avec Novartis une baisse du prix du Lucentis®, comme l’a fait la Grande Bretagne, et n’avez obtenu qu’un rabais dérisoire.
Comme l’addition est restée très salée :
Vous avez fait voter l’article 57 de la Loi de Financement de la Sécurité Sociale qui permet d’accorder, pour 3 ans, une Recommandation Temporaire d’Utilisation (RTU) à un produit qui n’a pas l’AMM, « pour éviter des dépenses ayant un impact significatif pour l’assurance maladie » ; et cela, même quand il existe déjà un autre produit ayant l’AMM pour cette indication. Mais le décret d’application en Conseil d’Etat n’est toujours pas paru… Qu’attendez –vous ?
Vous auriez aussi la possibilité de joindre vos efforts à ceux des autorités italiennes qui ont entamé, dans le cadre des procédures anti-trust, une enquête pour entente illicite à l’encontre du couple Roche/Novartis. Allez-vous le faire ?
Vos atermoiements coûtent très cher aux assurés sociaux et confortent les bénéfices des firmes pharmaceutiques.
Mais vous persistez dans le bricolage. Quand allez-vous décider de prendre enfin le contrôle de la politique du médicament, seule solution à une maîtrise des coûts, dans l’intérêt des patients et des assurés sociaux.
* Revue Pratiques : http://pratiques.fr/Scandale-Avastin-R-Lucentis-R-il.html