Les paroles des infirmières et des infirmiers, surtout lorsqu’elles vont à l’encontre de ce qu’on attend d’elles, sont inaudibles pour de multiples raisons attachées à leur histoire entre religion et domination médicale, sans occulter la composante féminine toujours largement prégnante dans la profession.
En ces temps où le désarroi des infirmières et de leurs collègues (placés en troisième position dans le cœur des Français...) atteint des sommets, il apparaît essentiel que leurs valeurs, leurs expériences, leurs convictions, leurs témoignages et analyses puissent se confronter, être mis en débats.
De nombreux autres professionnels du soin sont également démunis dans une institution qui se transforme envers et contre tous (patients et soignants) en système de production de soins, mais les infirmières et infirmiers y occupent une place particulière.
Coincés entre une domination médicale, scientiste et souvent aveugle, qui les renvoie à leurs prétendues limites, et l’indétermination des attributions de compétence paramédicales, ils ne trouvent pas de véritable lieu institutionnel où confronter leurs savoirs, leurs regards, leurs critiques et interrogations en toute liberté et sans se heurter à de nouvelles contraintes.Nous sommes nous-mêmes profondément exaspérés par la langue de bois doctrinaire d’un certain militantisme infirmier, voire une espèce d’élite auto proclamée qui nous a imposé cet “ordre” nouveau que plus de 86 % des infirmières ont refusé. Et toute tentative d’analyse échappant au ’modèle qui veut se substituer au modèle’ nous semble très importante à encourager et relayer.
Cette rubrique veut par conséquent accueillir toutes les formes d’expression : témoignage, cri de colère, regard distancié, désespéré, décalé, l’humour vache, noir, tendre, politique, poétique... et bien évidemment les analyses...
Si elle est consacrée aux infirmier(ère)s et à leur métier, cette rubrique est évidemment ouverte à leurs interlocuteurs, patients, aides soignants, médecins, dont les regards et réflexions sont bienvenus dans le débat.
Seules les insultes ou malveillances flagrantes y seront refusées.