Avec des copains, nous militons pour une réforme des retraites (une « contre-contre-réforme ») plus offensive, qui contient :
1/ la retraite dès 50 ans pour tout le monde,
2/ sans condition de durée de cotisation/d’annuité,
3/ avec la continuation du meilleur salaire dans des limites qui serait à définir (1500- 2000 à 4000-5000€ par exemple, celui qui a toujours gagné moins serait augmenté au minimum – 1500-2000€/mois –, celui qui a gagné plus redescendrait au maximum – 4 000-5 000€/mois –, à débattre dans tous les cas).
4/ on fait ça, bien sûr, en augmentant les cotisations sociales car oncle Karl nous a bien appris que seul le travail crée de la valeur mais aussi parce que :
- ponctionner le capital nous posera soucis quand il n’y aura plus de capital à ponctionner,
- la Sécu, de par son statut, ne peut pas prélever les revenus du capital. Les plus confiants dans l’État souhaiteraient qu’il vole à sa rescousse en créant un « impôt pour la retraite », obtenant du même coup le pouvoir sur cette manne. Nous ne voyons pas ça d’un bon œil, et l’exemple de la Contribution Sociale Généralisée (CSG) (initialement « l’impôt pour la maladie », si l’on veut faire le parallèle) plaide pour notre réflexion. La CSG inscrit la mainmise de l’État sur une part des ressources de l’assurance maladie et se mue petit à petit en instrument du « trou de la Sécu » qu’elle était censée faire disparaître. [1]
5/ Les frais retraités peuvent choisir ou non de rester dans leur collectif de travail, d’en sortir ou d’en rejoindre d’autres, ils ne sont quoi qu’il arrive plus payés par leur employeur mais par les caisses de retraite.
6/ ils obtiennent de facto avec leur retraite un statut de travailleur protégé à l’image des représentants syndicaux. Ils peuvent s’allouer tout ou partie de leur temps de travail à monter des collectifs pour réfléchir à une autre organisation du travail et de la production.
Outre la sanctuarisation d’un salaire continué pour les plus de 50 ans, ces modifications visent à modifier le rapport de force dans l’économie en rendant aux travailleurs un pouvoir politique sur leur activité. Elles inscrivent la retraite comme un temps de travail choisi, libéré du marché, et, n’en déplaise aux tristes sires, elle ne sera pas la période d’oisiveté tant redoutée, simplement celle qui arrête de mettre en valeur le capital d’autrui.
Plus concrètement, une telle réforme pourrait modifier en profondeur nos modes de production :
- le travailleur qui produit de la merde arrêterait de participer à l’effort de guerre (selon l’adage « personne ne fait de la merde pour le plaisir de faire de la merde »).
- celui qui croit en sa production tout en étant privé de sens par son entreprise aura tout le loisir d’en remettre en reprenant le pouvoir, pour lui et ses collègues.
- les productions jusqu’à maintenant délaissées car non compétitives sur le marché capitaliste pourraient y trouver un essor nouveau (les retraités actuels ne s’y trompent pas, participant activement à la vie politique des municipalités, des associations, mais aussi constituant une part non négligeable de l’aide à la personne, de la garde d’enfant, etc.).
- le nouveau retraité très content de son travail et de la manière dont il l’exerce pourra bien sûr continuer comme avant, car nous ne sommes pas des monstres.
À ceux qui diront que l’augmentation des cotisations augmente le « coût du travail » et obère la compétitivité des entreprises, nous répondrons que les retraités diminueront drastiquement le « coût du travail » dans les entreprises dans lesquelles ils travailleront et augmenteront ainsi leur compétitivité.
À ceux qui diront « Quid des entreprises qu’aucun retraité ne rejoint ? », nous pourrions convenir qu’il est bon de se demander pourquoi, mais nous nous contenterons de dire « tant pis pour elles, et pour les gens qui disent « quid » ! ».
Les idées exposées ici n’engagent que moi, mais je ne saurais remercier suffisamment le réseau salariat [2] pour les réflexions qu’il porte et dont je me suis allègrement inspiré.