Il y a de l’agitation dans le monde de la médecine. Les médias s’intéressent au capharnaüm de l’accès à la médecine libérale, les docteurs généralistes remettent le couvert sur la question des honoraires, les discours guerriers montent des permanences syndicales. Les statistiques confirment ce que chacun d’entre nous sait depuis longtemps, à savoir que se soigner devient de plus en plus coûteux et, en conséquence, il faut être aveugle pour ne pas voir que l’exclusion des soins devient la norme pour les 8 millions de Français vivant en dessous du seuil de pauvreté.
Dans cette situation difficile, notre président, à l’occasion de ses vœux « à la médecine », annonce une réforme de la médecine libérale. C’est quoi : de l’ignorance, du gâtisme, du comique de répétition, ou tout simplement une nouvelle phase du syndrome d’hyperactivité ? Depuis 2004, nous n’avons cessé d’être en réforme : du parcours de soins aux Agences Régionales de Santé, le gouvernement n’a cessé de tripatouiller le système de l’offre de soins ; Les Etats Généraux de la Santé ont amené la loi Hôpital Patient Santé Territoire dont les décrets d’application ne sont même pas encore publiés que, déjà, une nouvelle mission est confiée au président de l’ordre des médecins, concernant la réforme de la médecine générale.
Un gouvernement a toujours le droit de prendre ses concitoyens pour des idiots, mais quand il le leur dit de manière tellement ostentatoire, ceux ci ont aussi le droit de lui dire que cela suffit. Mais les mêmes concitoyens doivent également s’interroger sur le sens profond de cette mascarade qui, j’en suis convaincu, cache autre chose de moins avouable : la destruction programmée de la protection sociale solidaire.