Ambiance morose, je suis dans un SASPAS [1] ou je fais du 35 Consultations par jour (en pratique je vois encore plus de patients que ça) ça fait 10 à 15 minutes par Consultation payée.
À ce débit, il n’y a pas de patients il n’y a que des C. Les C du centre municipal de santé sont souvent de grands exclus, qui ne comprennent rien à leurs ordos rédigées en français. On s’en tape, car pour l’explication, ceux qui souvent n’ont pas la chance d’avoir des droits sociaux, réemprunteront 3 euros à droite et 20 à gauche pour produire une C de plus sur mon planning. Enfin si ils patientent, car j’ai des rendez-vous bookés sur 15 jours, et aucun espoir de ralentissement de ce rythme infernal… Dixit le maitre de stage : « C’est moi qui t’évalue, et ça n’est pas l’esprit du SASPAS qu’un interne refuse de s’adapter… » Haarg !!
Pas le temps de demander l’avis de mon maitre de stage ou de prendre du recul. Je suis rincé en rentrant chez moi. Mon travail consiste en la recherche de signes de détresse vitale, puis d’un prétexte pour benner mes C au spécialiste, je n’examine jamais un C plus d’une minute. Je ne cherche pas à soigner mais à mettre dehors en vitesse, peu importe les traitements et examens prescrits, le suivi de mes C et leurs problèmes intacts…
À défaut d’apprendre quoi que ce soit, j’aurais réussi à ESCROQUER les C qui passent devant moi. Je vis mal de collaborer a arnaquer les C les plus pauvres, ceux qui ne se plaignent pas car ils ne peuvent pas. J’en ai marre de cette médecine de C…
Antonin MATHIEU
interne de TCEM3 à Créteil.
En réalité la vie n’est pas si morose et je ne déprime pas complètement car je suis a mi-temps chez un autre médecin généraliste qui me donne le recul et l’oxygène pour tenir, J- 45 avant la fin des études.