La crise sanitaire liée à l’épidémie de coronavirus est grave et elle va peut-être durer : deux bonnes raisons pour refuser le fichage des personnes porteuses de coronavirus et de leurs proches [Voir ci-dessous], que le gouvernement veut mettre en place dans la précipitation du déconfinement, et pour demander une vraie politique de santé publique.
Le Syndicat de la médecine générale dans un communiqué de presse [1] : « Soigner n’est pas ficher, l’éthique médicale n’est pas à vendre » appelle :
« ... les professionnel·le·s mais aussi les patient·e·s, et tous les citoyen·ne·s,
- à refuser cette pratique de fichage indigne qui porte atteinte à l’éthique professionnelle et qui, en dégradant la confiance qui existe entre les soigné·e·s et les soignant·e·s, risque d’aggraver la situation sanitaire au lieu de l’améliorer.
- à promouvoir, dans le cadre de cette épidémie de Covid, une véritable politique de santé publique respectueuse de l’éthique professionnelle et s’appuyant sur la capacité des citoyen·ne·s à prendre en charge leur santé... »
L’Assurance maladie n’a pas attendu que soit discuté en conseil des ministres « le projet de loi prorogeant l’état d’urgence sanitaire » pour adresser un courrier aux médecins [2]. Elle leur demande, contre rémunération, d’enregistrer à partir du 11 mai sur une plate forme numérique dénommée « contact Covid » les coordonnées complètes des personnes porteuses du virus, de celles vivant à leur domicile et de leurs contacts proches.
Ni ce courrier, ni le projet de loi [3] qui est discuté cette semaine au sénat puis à l’assemblée ne mentionnent la nécessité du consentement des personnes au recueil de ces données. Au contraire, le projet de loi bafoue le secret médical en prévoyant que ces données pourront « être partagées, le cas échéant sans le consentement des personnes intéressées ».
Pourtant, il n’est nul besoin de recueil de données nominatives pour suivre une épidémie, les modalités de recueil des maladies à déclaration obligatoire (méningite, tuberculose, et même peste !), pourtant en partie dérogatoire au secret médical, sont là pour le prouver [4]