Rejoignez la lettre ouverte adressée à Emmanuel Macron, président de la République française pour un cessez le feu à Gaza et la libération des prisonniers, dont le dr Hussam Abu Safiya
Professionnels de santé pour un cessez le feu à Gaza et la libération des prisonniers, dont le dr Hussam Abu Safiya
Monsieur le Président,
Professionnels de santé, nous dénonçons le sort réservé aux habitant-es de Gaza et aux prisonniers palestiniens, et en particulier au docteur Hussam Abu Safiya . Nous demandons que tout soit fait pour obtenir une paix durable basée sur la justice, ainsi que la libération des prisonnier-es détenu-es par Israël, puissance occupante, et des otages détenus par le Hamas et d’autres groupes armés.
Cela fait maintenant 22 mois qu’Israël bombarde sans relâche la population isolée dans la bande de Gaza et bloque l’entrée de l’aide humanitaire.
Depuis le début de la guerre contre Gaza, l’armée israélienne cible régulièrement les infrastructures médicales et les soignant-es présent-es sur le territoire palestinien, au mépris du droit international humanitaire, censé leur garantir une protection particulière en temps de conflit armé. Un rapport de l’ONU, qui couvrait la période du 7 octobre 2023 au 30 juin 2024, dénonçait déjà un « schéma » de destruction des hôpitaux de Gaza par les forces israéliennes, ayant conduit le système de santé gazaoui à un « point d’effondrement presque complet ».
Selon Palmed France, 1.195 médecins et soignants ont été tués par des tirs israéliens depuis le 7 octobre 2023. Au moment où nous écrivons ce texte, nous apprenons l’assassinat de notre confrère, le docteur Ahmed Qantil, chirurgien à l’hôpital Al Ahli à Gaza, membre collaborateur de Palmed France, décédé mi-juillet.
Le docteur Hussam Abu Safiya a été arrêté à Gaza par l’armée israélienne le 27 décembre 2024, en plein exercice de ses fonctions. Il était le directeur du dernier hôpital encore en activité dans le nord de Gaza. Hussam Abu Safiya a soigné, sans jamais s’arrêter, au milieu des bombes. Détenu dans la prison d’Ofer, en Cisjordanie occupée, il n’a pas eu de procès équitable. 2 mois auparavant, le 28 octobre 2024, l’armée israélienne avait mené un raid brutal sur l’hôpital Kamal Adwan et procédé à l’arrestation de plus d’une centaine de personnes, dont la quasi-totalité du personnel soignant.
Quelques jours avant son arrestation, le Dr Abu Safiya déclarait avec défi : « Nous partirons lorsque le ou la dernier·e Palestinien·ne quittera le nord de la bande de Gaza. Nous resterons et nous servirons celles et ceux qui sont ici. Il s’agit d’une mission humanitaire et notre message au monde est que nous fournissons des soins humanitaires et que nous ne devons pas être entravés.
Nous nous sommes engagé·es à fournir des soins à ceux qui en ont besoin et nous remplirons notre serment de médecins ici à l’hôpital Kamal Adwan ».
Le docteur Hussam Abu Safiya était l’une des voix de Gaza. Il doit être libéré.
Ces derniers jours, son avocate, Ghaida Qasem, a détaillé l’état d’Abu Safiya, indiquant qu’il avait perdu au moins 40 kilos depuis son enlèvement et son incarcération. Selon Qasem, il aurait également subi des coups violents pendant 30 minutes, sur la poitrine, le visage, la tête et le cou. Malgré un rythme cardiaque irrégulier, les autorités israéliennes lui ont refusé l’accès aux médicaments essentiels, aux traitements et à un médecin spécialiste. Selon le communiqué, il reste vêtu de vêtements d’hiver dans des conditions extrêmes de famine, de torture et d’isolement complet et est détenu dans une cellule souterraine, sans exposition à la lumière du soleil. Un cas parmi tant d’autres.
Ce cas n’est pas isolé, mais reflète une tendance plus large aux traitements inhumains subis par les prisonnier-es et détenu-es palestinien-es dans les prisons israéliennes.
Les organisations de soutien aux prisonnier-es palestinien-es ont rapporté que le nombre de Palestinien-es détenu-es dans les prisons de l’occupation israélienne s’élevait à environ 10.800 début juillet, soit le chiffre le plus élevé depuis la deuxième Intifada en 2000. Ce total n’inclut pas les détenu-es des camps militaires d’occupation, dont le statut reste largement inconnu.
Dans une déclaration commune, les organisations ont noté que le nombre de détenu-es administratifs avait grimpé à 3.629 personnes. Ce système de la détention administrative permet aux
autorités d’occupation de détenir des individus sans inculpation ni procès, une pratique unanimement condamnée par les groupes internationaux de défense des droits de l’homme.
La semaine dernière, la British Medical Association a décidé de couper ses liens avec l’Association médicale israélienne (IMA) tant qu’elle ne condamnerait pas les attaques contre le système de santé de Gaza. Comme le rapporte Haaretz, 600 soignant-es israélien-es ont signé une pétition appelant à la fin de ces attaques et à une déclaration claire de l’IMA à ce sujet.
« Le ciblage de l’hôpital est un crime contre le système de santé, et le monde doit y mettre fin immédiatement, car nous soignons les blessé·es tout en subissant des bombardements israéliens constants », déclarait le docteur Hussam Abu Safiya à la fin du mois de novembre 2024. « Nous appelons le monde à arrêter la machine à tuer israélienne et à mettre fin immédiatement au ciblage de l’hôpital, qui est censé bénéficier d’une protection internationale. »
Nous sommes le 20 juillet 2025 : Nous demandons à notre gouvernement d’agir enfin avec fermeté : mettre en place des sanctions afin d’obtenir un cessez-le-feu durable à Gaza, l’entrée massive d’aide humanitaire et la libération des prisonnier-es palestinien-es, dont le docteur Hussam Abu Safiya est un symbole.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le président, nos salutations respectueuses.
Cette appel est à l’initiatives de professionnels de santé
Risefor, HUSOME, France Palestine Mental Health Network, Action Catholique Ouvrière, Association France Palestine Solidarité Centre-Bretagne, A.R.A.C. Association Républicaine des Combattants Finistère Sud, Syndicat de la médecine générale
