J’avais écris ce billet d’humeur avant l’assassinat de Toulouse, et j’écrivais sur d’autres morts. Le télescopage de toutes ces morts me bouleverse.
Les évènements tragiques que la France vient de connaître avec ces odieuses fusillades, suscite un engagement de toute la nation pour être solidaire avec les familles des victimes. Cette expression d’une solidarité est réconfortante dans ces moments de grande douleur.
A Saint Denis, en une semaine, deux femmes se sont donné la mort, l’une en s’immolant, l’autre en se jetant sous le train. Elles ont choisi la mort comme ultime façon d’en finir avec leurs souffrances. Faut-il donc que ces souffrances soient terribles pour abandonner des familles, pour échapper à la solidarité des proches, pour être exclues de la société qui protège. Au bout d’un parcours de misère, d’exclusion sociale, de souffrances psychologiques, avec la perte de tout espoir à vivre normalement, la mort est devenue une délivrance.
On me dira que ces morts ne sont pas de même nature, ici des enfants, des jeunes adultes, victimes innocentes d’une tuerie irraisonnée, et là des suicides, conséquences d’une injustice sociale.
Oui, c’est probablement vrai, mais il y a pour les familles des innocents un formidable mouvement de solidarité, une dénonciation unanime du racisme, de l’antisémitisme en tant que hontes de la nation – et, plus généralement, de toutes les nations – et il convient de les combattre sans faiblesse, cette mobilisation est une bonne chose.
Et puis, il y a les familles isolées de ces femmes mortes dans la détresse et dans l’indifférence de la même nation. Une marche pour la dignité a eu lieu à partir de la cité des Francs-Moisins, c’est un cri de colère poussé par les habitants du quartier, mais nous sommes bien seuls. La mobilisation n’est pas suffisamment forte pour faire reculer la souffrance sociale et cela, c’est une mauvaise chose.