La politique de la santé menée par la droite, on la connait : taxation de la maladie, le laisser-faire des dépassements d’honoraires, la convergence public/privé, la fermeture des hôpitaux et maternités de proximité, la T2A… La liste est longue et elle s’exprime aussi de manière plus perverse et perfide, par la culpabilisation des bénéficiaires des droits sociaux. Et devient complètement abjecte avec l’expulsion des étrangers malades, ainsi promis à la mort. Comme cette politique ne ce conjugue pas bien avec la morale humaniste de la République, il faut la faire accepter aux gens de droite et aux naïfs en expliquant que l’économie libérale et la mondialisation imposent le réalisme de cette politique d’inégalités sociales. Cela fait vingt ans que l’on subit cette politique.
Mais où est la politique de gauche ? Ou, dit autrement, la politique mise en œuvre par le PS est elle de gauche ? La réponse est d’une grande limpidité : c’est une politique de centre droit. On pouvait au moins espérer une politique de centre gauche, mais non, à force de ne pas vouloir fâcher les corporatismes étroits, le gouvernement va de reculades en reculades.
Pourtant, il sait parfaitement que la médecine libérale s’est toujours opposée aux pouvoirs publics, qu’elle est, par essence, contre toute régulation, même celle de l’économie libérale que pourtant elle défend. Cette médecine libérale qui explique que ce sont les tentatives de régulation de l’offre de santé qui sont responsables de sa crise. Les fondamentaux de la médecine libérale s’écroulent, le bateaux coule et les syndicats de spécialistes, qui ont toujours tenu la barre du navire, veulent ignorer que le bateau fait eau de toutes parts.
Ce serait donc le moment, pour le gouvernement, de proposer une véritable réforme, audacieuse, ambitieuse, égalitaire avec, dans le viseur, la réduction des inégalités de santé. Il ne fait pas ce choix. Pourtant ce n’est pas si difficile, des professionnels de la santé, des élus, des citoyens démocrates ont inventé des solutions pour faire face à la crise du système de santé. De l’exercice regroupé, aux réseaux de santé, en passant par la santé communautaire il est possible de faire autrement, il est l’heure de construire le service public de santé de proximité.
Alors, au lieu de tenter de conserver un système en fin de course, il faut oser le changement. C’est à ce moment là que la ministre de santé sort de son chapeau le « pacte-territoire-santé », avec douze engagements pour ne rien changer. C’est désespérant. D’autant plus désespérant que nos consultations témoignent toujours davantage de la souffrance du peuple. Où est l’espoir ?