Minables !

Nous relayons ce billet d’humeur de Jean Vignes, infirmier retraité et ancien secrétaire de Sud santé sociaux.

Pour comprendre pourquoi je vous envoie ce qui va suivre, il faut comprendre que je suis adepte de la riposte disproportionnée (pacifique). Une des paralysies de l’action syndicale vient du fait que les forces locales ne sont plus en mesure d’éviter le choc en retour sur les agents victimes des situations qu’ils dénoncent. Dès lors, ces faits restent trop souvent sous le boisseau et personne ne moufte pour préserver la victime. L’anecdote devient loi et l’analyseur ne peut opérer en catalyseur social.
Un syndicat, une association, un collectif est justement là pour pouvoir exercer une riposte de l’extérieur aux pressions en huis clos. Un syndicat, un collectif ne peut opérer, survivre que s’il (l’)ouvre. Si jamais ce qui suit se retournait contre la victime des évènements relatés le simple fait que vous en soyez avertis devrait dissuader les exécuteurs des basses œuvres d’agir. On ne sait jamais d’où un mur de verre se fissure.

Job d’été, venez travailler à Marchant, un endroit fort minable.

Pendant qu’un directeur de garde se la joue pépère, téléphone débranché injoignable pendant une heure et demie, une autre histoire se jouait sur l’établissement.
Ce chefaillon en extase était occupé à écouter un concert baroque pour lever des fonds pour sa Notre-Dame locale…

    1. Minable.

Un financement à la Stefan Bern, à dérouler le tapis rouge au fonds privés jusqu’à la glotte, jusqu’à gerber.

    1. Minable.

C’est sûr que l’urgence locale c’est notre chapelle en péril, pas le soin ni les prolos qui l’exercent.

    1. Minable.

Et pendant ce temps les agents de l’hôpital en chient, faute d’effectif, de moyens, faute d’une vision d’avenir qui parle soin en psychiatrie. Leur vision, c’est la thune. Ils ne sont que valets serviles d’un pouvoir totalitaire, beaucoup ne méritent plus l’appellation d’agents de service public. Valets serviles de l’ARS ils se défoulent sur leur petit personnel, les prennent de haut, avec morgue, arrogance.

    1. Minables.

S’ils avaient fait socio, philo voire psycho au lieu de suer en science-po ils sauraient que le regard qu’ils portent sur leurs subordonnés n’est autre que celui qu’ils portent sur eux-mêmes de la place de leurs supérieur. L’enfer c’est les autres, n’est-ce pas ? C’est comme cela qu’ils se voient en fait, minables. Alors ils se vengent, sur ceux qu’ils imaginent plus faibles qu’eux.

    1. Minables.

Ce soir un directeur a viré un membre du CHSCT du bureau de la régulation, sans même écouter ce qu’il venait exposer. Il ne sait pas qu’un membre du CHSCT est habilité à aller partout dans le cadre de ses missions. Mais dans le bois dont on fait ces directeurs-là, le droit des agents n’est pas pyrogravé. Ils ne pensent la société que du rang qu’ils s’octroient.

    1. Minables.

De sa place, rien de plus facile pour une directrice des soins d’imposer à un agent contractuel de doubler son poste. Minable. Doubler son poste, 15 h, 16 h 17 h ? de travail, ne sait-elle pas qu’au-delà de 12 h c’est de la pure illégalité. Quel exemple, minable. Bien sûr qu’un statut de contractuel ça ne permet pas de dire non, sauf quelques exceptions admirables, alors tapons dessus du haut de la hiérarchie. Avec la complicité honteuse des cadres jouant du sous-fifre trop content de se délester du problème.

    1. Minables.

En début d’aprèm l’unité prigo est prévenue de la défection d’un agent de nuit, l’info remonte la hiérarchie qui « cherche » des solutions. C’est de la plus facile dont il va être usé : imposer à un agent contractuel de rester la nuit au prétexte qu’il ne travaille pas le lendemain. Super ! Ô vous tous, tremblez dans vos sabots la veille de repos ou de CA et autre RC, vous êtes prioritaires pour jouir d’une nuit de bonheur. Bref. Vers 18 h 30 la Tente étant alertée, nous voilà en quête du directeur de garde, disparu ! Voir explication précédente. Il sortira des limbes de son extase auditive pour accueillir déplaisamment (euphémisme) le délégué CHSCT venu s’enquérir de l’évolution de la situation. Ça pue la faute ça, non ? Ou alors le mépris de la fonction.
On aurait pu croire à l’entendre qu’avec ses séides il s’occupait de gérer la situation. Que nenni ! 15 minutes plus tard il sortait de l’hôpital sur son fougueux bicycle fier comme un bar tabac. Mais alors qui gérait la situation ?
Hé bien, la DSSI bien sûr, après avoir ordonné au contractuel de faire la nuit, elle lui a majestueusement accordé une heure de permission pour aller nourrir ses chiens, quelle miséricorde, j’en ai la larme à l’œil. De ce fait elle a mis l’unité en sous-effectif, mais elle aime le risque… pour les autres. Elle assume, yes, mais pas jusqu’au point de proposer les frais d’essence au malheureux. Faut pas exagérer avec le petit personnel.

    1. Minable.

Ce ne sont pas les solutions qui manquaient, intérim, vivier de remplaçants, demander poliment, mais pourquoi alors se cacher en refoulant toute explication et le délégué CHSCT en prime ?

Résumons-nous : ordres contrevenants au Décret de 2002 sur le temps de travail dans la fph, délit d’entrave au droit syndical et aux missions du CHSCT, abus de position dominante… c’est pas de la broutille.

Un président croyait aussi pouvoir braver la loi, bling bling fera cette culture contre les parois du conduit qui vous mènera direct à la fosse des traîtres à la mission de service public, à la société ; exploiteurs de vocations, regardez le procès France Télecom et commencez à vous questionner sur l’impunité !


jeudi 4 juillet 2019, par jean vignes

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