Les vœux : passage obligé, épreuve renouvelée et toujours aussi dangereuse. Que de banalités, égrenées sous ce rite.
Nous n’aurons,pas, à Pratiques, la prétention d’y échapper. Tâchons au moins d’y faire œuvre utile par l’information donnée à nos lecteurs : c’est à eux que nous devons, en premier, rendre des comptes, à eux dont l’intérêt croissant pour cet oiseau bizarre qu’est cette revue lui a permis non seulement de survivre, mais aujourd’hui de croître en audience… si ce n’est en sagesse !
2008 n’a pourtant pas été clémente pour nous, qui a vu la disparition de notre directeur de publication, Patrice Muller. Comme l’écrivait "Espace Généraliste" :. Il était toujours là pour nous rappeler, avec son extraordinaire gentillesse, qu’il ne peut pas y avoir de militantisme sans conscience, que la fin ne justifie pas les moyens et que la compréhension de l’autre doit rester le moteur de toutes nos actions, sans compromis sur l’essentiel. La Médecine Générale a perdu l’un de ses justes. A ses amis de faire en sorte qu’avec lui ne disparaisse l’idée de la médecine utopique qu’il a défendue toute sa vie.
C’est là résumer tout le programme que la rédaction de Pratiques s’est, depuis, efforcée de poursuivre. Les numéros parus cette année, dont vous pouvez voir la présentation en page d’accueil, ici même, en sont le témoin.
Le site n’a pas été en reste. En premier lieu, notre pétition : "Un arrêt de travail pour Sarkozy et son gouvernement", une première pour notre revue, a recueilli quelque 2300 signatures et attiré plus de 12 000 visiteurs.
Parallèlement, nos différentes rubriques se sont enrichies d’interviews, de témoignages, de débats (voir celui sur l’euthanasie, en cours), l’actualité suivie de manière acérée, les Billets d’humeur et Editos laissés libres de donner cours à leurs… indignations ! Chacune de ces parutions attire désormais des centaines de visiteurs, un succès qui ne se dément pas.
Sans prétendre dédaigner l’aspect économique du site - la promotion de nos abonnements et ventes de numéros -, nous croyons avoir réussi à le tenir éloigné d’un certain mercantilisme, par souci de cohérence avec les options que nous défendons. Ce qui n’a pas empêché la revue de réaliser un exercice comptable équilibré, malgré l’absence de toute subvention ou publicité. Et pourtant, pas d’"intéressement aux résultats" à Pratiques, contrairement à ce que préconise certain projet de loi sur la santé [1] actuellement à l’examen… On peut donc être efficace sans être "intéressé" pour autant ? Quel mauvais exemple !
Ce qui nous mène droit à nos vœux 2009 : un service public de la santé, certes soucieux des deniers des assurés sociaux comme de ceux du contribuable, mais rendu à sa vocation : des soins pour tous, sans discriminations dues à "l’intéressement" des soignants, à l’argent, au statut social ou aux "papiers" des patients, et doté pour cela de moyens à la hauteur et de ce devoir, et de la mise en place d’une véritable politique de la santé publique… Bref, tout le contraire de ce que croient pouvoir nous imposer - pour un temps - de soi-disant responsables, demeurés prisonniers d’une idéologie obsolète, asservie au profit, dont la faillite actuelle, pourtant éclatante, n’a toujours pas dessillé les yeux.
Bonne et heureuse année à tous.