Dernières dates :
- Le 1er octobre, les Verts parisiens annonçaient souhaiter l’ouverture de salles expérimentales de consommation de drogue à Paris et en Seine-Saint-Denis avant fin 2011
- Le même jour, Alain Juppé réunissait les acteurs de la lutte contre la toxicomanie à Bordeaux pour réfléchir à l’opportunité d’une telle salle pour la ville ; Jean-Paul Garraud, député UMP de la Gironde, s’y opposait vivement quelques jours après dans Sud-Ouest
- Le 18 octobre, le parti Chrétien démocrate (PCD) de Christine Boutin se prononçait contre l’ouverture de salles à Paris
- Le 19 octobre : Le Conseil de Paris vote en faveur de l’ouverture d’au moins un « centre de consommation à moindre risque pour usagers de drogues » à Paris
Un extrait de cette revue de presse :
"Un café et un joint"
"Au centre de la polémique sur les « salles de shoot » (ou « centres d’injections supervisées ») la question essentielle est de savoir si leur création s’inscrit naturellement dans la poursuite de cette politique sanitaire ou si elle marque au contraire une étape irréversible vers une dépénalisation progressive suivie de l’officialisation de la consommation fiscalisée de nouvelles substances à fort pouvoir d’addiction, ce au même titre que les boissons alcooliques ou les produits du tabac. Le cannabis, la cocaïne, l’ecstasy (voire l’héroïne) disponibles (avec messages préventifs sur les emballages) dans chaque bar-tabac en somme ; une hypothèse qui aux yeux de certains spécialistes n’apparaît plus aujourd’hui comme totalement déraisonnable compte tenu des coûts et des échecs récurrents des politiques répressives et prohibitionnistes.
Dès lors « salles de shoot » (comme il en existe dans huit pays à travers le monde) ou pas ? Auprès de la Mission interministérielle française de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) on n’y est –euphémisme— nullement favorable. On fait notamment observer que l’offre française de « réduction des risques » est une des plus importantes au monde et que la France est le seul pays européen à en avoir inscrit le principe dans la loi. Et, de fait, cette offre est loin d’être négligeable : vente et distribution de 15 millions de seringues stériles par an, accès pour 130.000 personnes aux traitements de substitution, création de plusieurs centaines de structures spécialisées d’accueil et d’accompagnement médico-social.
Toujours selon la Mildt, cette politique a permis de réduire de façon très importante les décès par overdoses de même que le nombre des contaminations et des décès par sida chez les « usagers de drogues ». Menée depuis une quinzaine d’année, cette politique situerait la France parmi les pays les plus « protecteurs » au monde ; près de 300 millions d’euros sont consacrés à un dispositif visant à la pris en charge « des 230.000 usagers réguliers d’opiacés, de cocaïne et d’amphétamines ».
Reste pour autant, deux problèmes sanitaires d’importance : l’épidémie d’hépatites C chez les usagers et la précarisation d’une frange de la population des usagers de drogues dépendants qui cumulent les risques."