Trouver des mots qui ouvrent, qui fassent office de bénédiction, et non de malédiction, je crois que c’est utile dans le soin, notamment autour de la gynécologie. Il me semble que, quelque soit notre âge, depuis l’adolescence, la ménopause jusqu’à la vieillesse, quelques soient nos préférences sexuelles, les questions gynécologiques renvoient à la question de la sexualité, de la vie amoureuse, du désir, de la féminité ou de la virilité, de la maternité et de la paternité. Avec tous ses possibles (et aussi pour beaucoup d’entre nous) tous ses interdits.
Alors, devant les ovaires augmentés de volume, j’aime parler d’ « ovaires pensifs », car il me semble que cela laisse à imaginer que demain ils pourront sortir de leur perplexité et se mettre à agir tranquillement, à ovuler paisiblement. De même, les dystrophies poly kystiques m’évoquent un bal des débutantes où tous les petits ovules se préparent avec effervescence pour le bal, sans trop savoir si c’est le moment d’y aller. L’absence de règles, les aménorrhées, les « grossesses nerveuses » inquiètent les femmes. Formuler qu’il peut s’agir du « syndrome de la belle au bois au dormant »fait venir sur la scène de l’imaginaire la sortie d’un mauvais sort jeté par quelque sorcière, et la venue d’un prince charmant qui pourra faire sortir du sommeil. Et avec lui, la perspective d’une suite heureuse à l’histoire.
Pour les hommes aussi, comment formuler les questions autour du sexuel ? Quelles images l’industrie pharmaceutique a-t-elle puisé auprès des sémioticiens pour vendre chèrement ses nouvelles molécules ? Comment faisons-nous nous-mêmes pour dire les choses de façon respectueuse et ouverte ? A bientôt de lire les mots de l’andrologie des uns et des autres dans cette rubrique.