Au début, quand Madame Bachelot a annoncé une grande loi de réforme de l’organisation de l’offre de soins, presque tous les acteurs du secteur se sont dit favorables à cette initiative tant le système de l’offre de soins est malade. Lors de la présentation de la loi, deux camps ce sont formés. Le premier qui a lu la loi au regard du projet politique qu’elle véhicule, l’autre a cherché à trouver dans celle-ci des éléments favorables à son identité corporatiste. Dans le premier camp on retrouve les clivages habituels , les aficionados du pouvoir en place qui la soutiennent contre vent et marées, et les opposants qui ont tout de suite vu dans cette loi la poursuite du démantèlement du service public en faveur du secteur marchand privé. Dans l’autre camp, chaque protagoniste a tenu a faire valoir que la loi permettait une avancée.
Puis le débat parlementaire a joué son rôle. Au final, les tenants du premier camp sont restés sur leur position. On constate que pour les uns, la loi va aggraver la maladie du système et rendre encore plus difficile l’accès aux soins pour les citoyens les plus fragiles - mais pouvait il en être autrement avec l’idéologie qui anime le gouvernement -, quant aux autres, ils se frottent les mains : le dépeçage du service public va continuer. Ceux du deuxième camp découvrent ce qu’est la « cocufication » corporatiste. Mais pouvait-il en être autrement puisque que le choix est fait pour satisfaire les groupes de pression, et de ce point de vue il n’y a ni liberté, ni égalité, ni fraternité, c’est celui qui possède le plus de moyens ou le plus de représentants élus qui gagne : une fois de plus, le vainqueur est le groupe de pression des médecins spécialistes.
Morale de l’histoire : tout le monde est perdant comme à chaque fois où, pour défendre les intérêts d’une minorité, on ignore les intérêts de tous.