Le Conseil constitutionnel retoque le tiers payant généralisé et obligatoire. Les pourfendeurs du tiers payant jubilent, la ministre de la santé s’embourbe dans son incompétence, les assurances complémentaires se félicitent de leur supposé utilité, et le citoyen pauvre, comme d’habitude, voit s’éloigner un progrès social.
Lentement mais sûrement la médecine libérale s’enfonce dans son vieillissement. Le fossé qui sépare les besoins de santé de la population et l’offre de soins de la médecine libérale s’élargit un peu plus. Les syndicats médicaux corporatistes assis sur la branche d’un système de soins dépassé, piaillent contre tout ce qui n’est pas « libéral » et ils crient haut et fort le ressenti d’un mépris supposé de la nation à leur égard. Ils souffrent énormément dans l’exercice de leur métier et personne ne les entend. Ils revendiquent des responsabilités pour défendre la médecine libérale qu’ils ne pourront pas assumer quand la branche va casser, ce qui n’est qu’une question de temps.
Fatalement le chantier de la refondation est en marche. Il est chaotique ce chantier tant l’opposition entre la promotion d’un système de protection maladie solidaire et la marchandisation de la santé est engagée. Il va bien falloir choisir son camp. La médecine libérale ne peut avoir d’avenir que dans le système solidaire. Dans le système concurrentiel marchand elle se vendra au plus offrant/opprimant et les valeurs aujourd’hui brandies comme étendard ne pèseront pas lourd sur la balance de la rentabilité.
Il est urgent de repenser l’exercice de la médecine face à « l’épidémie » des maladies chroniques, il est indispensable de repenser l’organisation de l’offre de soins pour aller vers une offre de santé dans le cadre de l’exercice regroupé. Il est indispensable d’ouvrir nos lieux de soins et de santé sur la vie de nos quartiers et nos cantons. Le repli sectaire et solitaire est mortifère.
Au moment où va s’ouvrir une nouvelle négociation entre les syndicats médicaux libéraux et l’assurance maladie, il serait bien venu de penser intérêt de la population plutôt que défense d’intérêts corporatistes qui finalement seront les ennemis de la médecine libérale.